3ème ARTICLE
« Moi, Paul, Apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, je m’adresse à vous, les membres du peuple saint qui êtes à Ephèse, vous les fidèles dans le Christ Jésus. Que la grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur ». Voici l’adresse qui débute de la lettre aux Ephésiens. Permettez-moi de vous rappeler un possible plan que nous avions proposé le mois dernier : Ouverture : 1, 1-14 1, 1-2 : L’adresse 1, 3-14 : La bénédiction
1ère partie : A l’Eglise, par le CHRIST (1, 15 – 3, 21) 1, 15-23 : mention d’action de grâce et de prière 2, 1-10 : Jadis et maintenant 2, 11-22 : Eux et nous 3, 1-13 : la révélation du mystère 3, 14-19 : les dimensions de l’amour du Christ 3, 20-21 : la doxologie finissant par « amen.
2ème partie : Au Christ par l’EGLISE (4, 1 – 6,20) 4, 1-3 : entrée en matière 4, 4-16 : Unité, différence et union dans le Christ 4, 17 – 5, 20 : Nouveauté des mœurs : aspects individuels 5, 21 – 6, 9 : Nouveauté des mœurs : aspects sociaux et communautaires 6, 10-20 : l’allégorie du combat
Epilogue : 6, 21-24.
Il s’agit donc du texte de « l’adresse » : elle attribue à Paul et à lui seul, la paternité de cet écrit. On constate que la présentation est brève. L’auteur se définit comme « apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu », sans développer ce titre, comme Paul le fait parfois dans d’autres lettres. Il se contente de nous rappeler que sa vocation relève de Dieu et non de la communauté. D’emblée, il situe la communauté à laquelle il écrit devant Dieu qui lui donne mission et autorité pour parler. Les destinataires sont également définis : « le peuple saint d’Ephèse » qu’il qualifie de saints et de fidèles ». Chez Paul, les termes de « saints et de fidèles » mettent en lumière deux aspects.
Les croyants sont à la fois : Ceux qui ont été mis à part (sous entendu par le choix de Dieu) Ceux qui ont écouté et qui ont adhéré par la foi à la Bonne Nouvelle du Christ Jésus.
Dès cette adresse, nous pouvons nous sentir interpellés : nous sommes tous appelés par Dieu (car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » 1 Tm), mais pour être considérés comme croyants (car toute personne humaine est appelée et aimée par Dieu), il faut que nous soyons de ceux qui correspondent également au deuxième aspect : nous avons écoutés la Bonne Nouvelle du Salut mais… est-ce qu’on peut dire qu’on y adhère pleinement ? N’y a-t-il pas des aspects, voire des pages d’Evangile, que nous rejetons car nous n’arrivons pas à y croire ? Faisons-nous confiance en la Tradition et aux paroles de l’Eglise sur des thèmes comme l’Immaculée Conception, le Bonheur pour tous, le droit à la vie au-delà des situations humaines dramatiques, la vie terrestre n’est qu’une propédeutique à la vie éternelle au Ciel, se faire un trésor au ciel plutôt que sur Terre, la demande faite aux divorcés-remariés de ne pas communier, le célibat des prêtres, etc. Adhérer demande aussi de ne pas aimer « avec des belles paroles et de beaux discours, mais en actes et en vérité » : qu’est-ce qu’aimer en acte et en vérité ? Comment répondons-nous à cette demande du plus grand des commandements : « tu aimeras ton Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même ». On peut se demander si c’est un vrai amour quand on quitte l’heure offerte à Dieu avant la bénédiction finale ou quand on a la tentation de critiquer telle personne ou tel changement sans en connaître la cause. D’où la fin de l’adresse de St Paul : demander la grâce du Père et du Christ afin d’apprendre à aimer et de tenir sur ce rude chemin où égoïsme et orgueil désirent toujours se loger dans les pores les plus profondes de nos vies ! Les souhaits habituels de grâce et de paix sont donc présents mais insérés dans cette coloration où nous sommes –avec les Ephésiens- interpellés dès le départ sur notre adhésion sincère et profonde dans la foi en Jésus qui impacte concrètement le quotidien de nos vies et nos décisions. On peut noter la triple mention de Jésus-Christ –manière de nous dire que Jésus est le visage de la Trinité toute entière, le seul Médiateur des grâces divines : c’est évident quand on note que la dernière mention présente Jésus comme « Seigneur ». Dans le Crédo, on le dit de Jésus : « je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ » et de l’Esprit Saint : « Il est Seigneur et il donne la vie » ». En écho avec l’Evangile du lavement des pieds : « vous m’appelez Maître et Seigneur : vous avez raison, je le SUIS ». Paul prend la parole en disant qu’il se considère comme l’humble messager du Christ à qui seul appartient la gloire pour les siècles des siècles. Paul considère le chrétien dans sa position céleste : le ciel n’est pas seulement notre séjour futur, mais nous possédons dès à présent, mystérieusement, notre habitation en Christ. Oui, « nous sommes le Corps du Christ » dès à présent, quand nous faisons la volonté de son Père et de Notre Père. Un chef de famille qui travaille hors de son domicile ne songe pas à confondre son foyer avec l’usine, le bureau ou sa ferme. Etre absent de la maison ne l’empêche pas d’y avoir son « chez-lui », de veiller sur lui, où sont ses affections, ses intérêts ; où sont tout ce qu’il possède ! Tel est le ciel pour nous qui sommes promis au bonheur : le lieu familier où se trouvent à la fois notre trésor et notre cœur (cf. Luc 12, 34 : « Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur »), mais également les personnes que nous aimons et qui sont parties bien trop tôt, en lien avec tous ceux qui veillent sur nous : les anges et la Communion des Saints. C’est notre lieu familier, car c’est notre vraie patrie, le lieu où le Sauveur vit. Christ est au Ciel et nous sommes en Christ. Ce double aspect assure notre « droit d’accès » aux hautes bénédictions qui sont les siennes, et que Paul va inviter dans la phrase suivante à venir dans chacun de nos cœurs. Oui, Paul découvre en Jésus Christ l’origine de notre humanité : c’est cette perspective qu’il va déployer dans la bénédiction, les quelques lignes suivantes que nous méditerons le mois prochain. +Franz
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