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AGNEAU DE DIEU / AGNEAU PASCAL

Dernière mise à jour : 7 août 2020


Agneau de Dieu / Agneau pascal

De tous les livres de la Bible, l’Evangile selon St Jean est le seul qui emploie l’expression « Agneau de Dieu », le mot grec « amnos », à part deux passages : Ac 8,32 : « comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche », mais il s’agit d’une citation du livre du prophète Isaïe, et non une expression propre : Is 53, 7 : « il a été maltraité et opprimé, Et il n’a point ouvert la bouche. Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent ; Il n’a point ouvert la bouche », 1 P 1, 19 : « par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » qui reprend les rites de l’Ancien Testament. Jean est le seul qui développe une théologie propre de « l’Agneau ». L’Apôtre a aussi écrit le livre de l’Apocalypse, mais on constate qu’il utilise un autre mot grec pour qualifier « agneau » : « arnion » (qu’on retrouve 28 fois dans ce livre). L’interprétation sera différente selon que l’on considère la figure achevée du livre, conférant ainsi aux titres christologiques de Jn 1, 19-31 leur plénitude de sens, ou que, s’en tenant à une démarche plus archéologique, on se reporte aux origines. Jn 1, 19-31 : c’est le passage où par deux fois Jean Le Baptiste désigne Jésus qui vient se faire baptiser « d’Agneau de Dieu ». Ce titre apparait ainsi dans la tradition baptiste, il semble être un titre christologique, qu’il ne faut pas isoler des autres titres dont la litanie accompagne le récit des quatre jours inauguraux (ce même passage), eux-mêmes référés à l’autorité de Jean-Baptiste (v. 19 : « Voici le témoignage de Jean »). Celui-ci reconnaît en Jésus « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (v. 29), puis « Agneau de Dieu », formule brève (v. 36). Se succèdent alors plusieurs titres liés à Jésus : - « Fils de Dieu » : v. 34, avec des variantes selon les traductions, où sont rajoutés « l’Elu » ou « le Fils Elu », expression qu’on retrouve au v. 49) - « Messie » : ou il est précisé « ce qui signifie Christ », - « Roi d’Israël » : v. 49 - « Fils de l’homme » : en relation avec l’image de l’échelle de Jacob (v. 51). Même le caractère inconnu de Jésus (v. 31.33) peut être compris comme un trait messianique, ainsi que l’insistance sur l’Esprit Saint (v. 32 et suivants). Beaucoup de spécialistes pensent reconnaître dans ce récit, l’attestation des origines baptistes de Jésus lui-même, voire de la communauté johannique, dont la mémoire paraît singulièrement attachée à la figure du Baptiste. L’Agneau pascal : la lecture la plus influencée par l’état dernier du livre consiste à l’interpréter par l’agneau pascal (Pâque) à partir du livre fondateur du Livre de l’Exode (chapitre 12). Cette figure apparaît dans 1 P 1,19 (que nous avons déjà cité) et dans 1 Co 5, 7 : « Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car le Christ, notre Pâque, a été immolé »). Cette thématique n’est pas ignorée par l’Evangile selon St Jean : la chronologie du récit de la passion implique la coïncidence avec l’immolation des agneaux destinés au repas pascal du soir même (Jn 19, 14 : « C’était la préparation de la Pâque »). Le Crucifié sera ensuite identifié à l’Agneau pascal (désormais un sacrifice non sanglant pour les chrétiens). Jn 19, 36 : « Ces choses sont arrivées, afin que l’Ecriture fût accomplie : Aucun de ses os ne sera brisé » qui accomplit Ex 12, 46 : « On ne la mangera que dans la maison ; vous n’emporterez point de chair hors de la maison, et vous ne briserez aucun os »). Seul souci… cette interprétation s’accorde mal au contexte d’une désignation royale opérée en milieu baptiste. L’expression doit donc être enrichie par une autre vue. Serviteur d’Isaïe : avec 1 P 1,19, la scène de la catéchèse racontée en Ac 8, 32 (« Le passage de l’Ecriture qu’il lisait était celui-ci : Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; Et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, Il n’a point ouvert la bouche ») offre un deuxième sens au mot « amnos » : c’est la figure du Serviteur d’Isaïe : Is 52,13-53,12. Le Serviteur est présenté comme « une brebis que l’on conduit pour l’égorger, comme un agneau muet devant celui qui le tond » (cf. Is 53,7). Il est alors tentant de mettre l’Agneau de Dieu en rapport avec le Serviteur souffrant d’Isaïe. Une autre direction a été proposée par les Pères de l’Eglise, mais là, accrochez-vous ! Il faut être expert en langue ancienne ! Ils ont suggéré d’expliquer « agneau » par un jeu de mots entre l’araméen « talya » (qui signifie « agneau ») et l’hébreu (« taleh » qui signifie… « serviteur » !). C’est d’ailleurs intéressant car ce dernier terme de « taleh » porte la marque d’une christologie archaïque (« païs » : Jésus, « enfant » ou « serviteur »… ce qui peut aussi expliquer la phrase de Jésus : « laissez venir à moi les enfants. Seuls ceux qui auront gardé leur âme d’enfant iront au ciel »… traduit avec le synonyme, cela donne : « laissez venir à moi les serviteurs. Seuls ceux qui auront gardé leur âme de serviteur iront au ciel », faisant écho au « dites-vous que vous êtes des serviteurs quelconque… entre bon et loyal serviteur dans la paix de ton Seigneur »). Là aussi, il y a un frein à prendre uniquement ce jeu de mots (mais ce sens peut compléter ce que nous avons dit plus haut) : l’agneau de Dieu enlève nos péchés alors que le serviteur porte nos péchés. Mais… le Christ a bien du porter nos péchés pour nous les enlever ! L’Agneau vainqueur : pour honorer la vision de l’accomplissement d’Ex 12 chez St Jean (il manquait le désignation royale), le Livre de l’Apocalypse (écrit aussi par St Jean) utilise un autre mot pour « agneau » : « arnion ». Selon la Tradition (et les livres apocalyptiques non reconnus dans le canon des Ecritures, tels que le Testament de Joseph), plutôt que d’un agneau immolé, ce mot désigne un jeune bélier aux cornes naissantes, dont la fougue insolente traduit la vitalité du roi messie. Cette explication –toujours débattue par les professionnels de l’Exégèse-, permet d’unifier tous ce que nous avons essayé d’aborder pour expliquer cette expression. Car loin d’être incompatibles, toutes ces explications s’éclairent et s’enrichissent mutuellement.

+Franz

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