"Au sujet d’un confrère ..."
Dernière mise à jour : 20 mai 2020
Pour cette fin de Carême, si nous nous interdisons de colporter ouï-dire et rumeurs ?
« Tu ne sais pas ce que je viens d’apprendre ? Oh la la ! Si tu savais ce que l’on m’a dit… Il paraît que… tu ne vas pas me croire… Figurez-vous… ». Quel plaisir, quelle excitation, quelle jubilation même de pouvoir ainsi, en créant la surprise, en provoquant l’étonnement, susciter l’intérêt de tous, capter l’attention, être quelqu’un d’important l’espace d’une seconde…
Oui, se dit-on, je sais quelque chose que vous ne savez pas. Et bon prince, je partage ce quelque chose avec vous. Même si cela n’a aucun intérêt… même si cela n’est pas prouvé… même si cela peut égratigner ou faire souffrir quelqu’un. Je sais quelque chose qui, comme une fusée d’un feu d’artifice, va éclater dans le ciel, briller un bref instant, vous réjouir ou vous effrayer, mais ne peut pas vous laisser indifférent. Avec cette différence que la fusée, une fois bien éteinte, ne laissera pas de trace. Par contre, en cherchant à savoir, à propager ces racontars laissent des traces indélébiles, ajoutant à la souffrance de la personne l’impossibilité d’y répondre…
Je pense profondément à mon confrère, le père Ronan. Chacun y va de ses spéculations alors qu’aucun fait n’est avéré et qu’il y a présomption d’innocence. Cela nous ramène à la condition essentielle du prêtre. Un prêtre est toujours configuré au Christ ; c’est même son plus bel appel et sa vocation. N’oublions pas, tout de même, l’humanité d’un prêtre : combien il est difficile d’être configuré à la Croix… Nous pouvons dire que ce Carême est pour notre frère, un véritable chemin christique, mais dans l’espérance de la Résurrection !
Comme le Christ aux Rameaux, le père Ronan a longtemps été acclamé comme un saint prêtre. De Rocamadour aux 900 ans de la cathédrale ; du pélé VTT à l’entrée au Conseil Episcopal, que de louanges (et donc de détracteurs aussi !). Configuré au Christ qui restait libre de ses paroles et de ses actes, le père Ronan a toujours annoncé la Bonne Nouvelle, avec audace et fidélité. Se créant de véritables amitiés et de vrais ennemis ! Oui, comme Jésus ou, plus modestement, comme toute personne libre en vérité.
Aujourd’hui, notre frère vit son Triduum Pascal, alors toi qui es témoin de cette histoire, de quel côté vas-tu te tenir ? Seras-tu celui qui parle à tort et à travers, qui hurle avec les loups, colportant les ragots les plus invraisemblables, ou celui qui veut écrire cette histoire qui ne t’appartient pas ? Agir ainsi serait apporter de l’eau au moulin du Diviseur… Où seras-tu sainte Véronique, qui essuie les plaies du visage du Christ, pour soulager sa douleur, gardant le respect, la saine distance et la discrétion, sans oublier la Vierge Marie, que le père Ronan prie et sert depuis tant d’années ?
Mes amis, il ne s’agit nullement de débattre sur le mariage des prêtres ou sur les raisons qui ont amené notre évêque à demander au père Ronan de prendre de la distance. Ces sujets ne nous concernent en aucun cas ; le célibat des prêtres étant un vœu que nous avons fait librement et l’examen des faits supposés est aux mains de personnes compétentes. Il s’agit surtout d’appeler à entrer dans un chemin spirituel offert par ces saintes femmes lors de la Passion du Christ. Aucun jugement, aucune parole, mais porter de manière sincère et fervente un frère en souffrance dans nos prières : voilà ce que nous avons à offrir de meilleur de la part d’une communauté chrétienne !
Ce 1er mai, nous fêterons St Joseph, l’homme de silence par excellence. A son école, apprenons à nous taire, afin de laisser la place au respect, à la prière et au désir qu’un chemin d’avenir soit ouvert au le père Ronan. Même cabossé, il a autant le droit au bonheur que nous, que toi, autant que moi ! Au nom du Christ, de son Eglise, au nom de l’Humanité à qui le Seigneur a dit « va, et ne pêches plus », au nom du père Ronan qui est et sera éternellement un frère… mon frère !
+Franz
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