Mot du père Franz - du 23 janvier au 07 février 2021
Je ne sais pas si vous le savez, mais on ne lit le Livre de Jonas qu’un seul dimanche ! C’est-à-dire tous les trois ans. Et encore, c’est un court extrait qui en enlève tout l’humour et la question théologique centrale. On ne retient que la conversion de Ninive opérée par la parole de Dieu. Alors que ce qui est aussi intéressant, c’est le fait que Jonas refuse d’abord à obéir et il s’enfuit par la mer.
Mais Dieu ne renonce pas et provoque une tempête. Jonas est avalé par un poisson, un peu comme dans le conte de Pinocchio ! La ressemblance est forte, avec ce séjour à l’intérieur du poisson : ça laisse le temps de la réflexion. C’est pourquoi, quand Dieu lui renouvelle sa mission, Jonas obéit mais… il en déplore le succès ! Il en veut à Dieu d’avoir sauvé Ninive. C’est la suite de notre seul extrait dominical.
Il en veut à Dieu et à sa miséricorde. Il ne veut pas ou ne peut pas comprendre la tendresse de Dieu pour toutes les personnes humaines. En gros, il aimerait que les plans de Dieu soient les siens. Sans voir qu’en pensant ainsi, il se condamne lui-même puisque Dieu ordonne l’amour du prochain ! Oui, si nous lisons tout le livre (qui est assez court) de Jonas, nous pouvons sourire de ses malheurs et de son désespoir qui nous semble ridicule. Mais n’oublions pas le message de ce récit qui est d’une grande force : la tendresse de Dieu est pour tous. Dieu est le Tout-Autre. Gardons-nous de l’enfermer dans nos conceptions qui risquent fort d’être trop étroites.
Nous sommes souvent comme Jonas. Car il arrive que l’idéal évangélique contrecarre notre aspiration soi-disant naturelle au confort et à la tranquillité. L’expérience de Jonas puis des premiers disciples et à leurs suites, les saints montre qu’un amour exigeant suppose des choix coûteux parfois, et une grande liberté intérieure. Si Dieu demande à Jonas un grand abandon, si Jésus demande aux Apôtres de tout quitter pour Le suivre, il est impensable que pareille exigence se limite à la première génération chrétienne. Cela demande de répondre personnellement à cette question centrale : jusqu’où pouvons-nous aller par amour du Seigneur ?
+Franz
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