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Mot du père Franz - Messes du 06 octobre au 21 octobre 2018

Imaginez un instant qu’un proche… votre père, par exemple, vous pose la question « pour toi, qui suis-je ? ». Et que nous répondions : « tu es un agriculteur, celui dont je vais hériter de la ferme ; tu es le mari de maman… ou que sais-je ». Ce ne serait pas faux, mais on ressentirait bien vite que ce genre de réponse est ridicule ! Ce n’est pas par des titres ou même des mots que l’on peut dire « qui il est ». Pour avoir une réponse plus judicieuse, nous répondrions plutôt par tout ce qu’il représente pour nous, par ses actes à notre égard, par l’amour que nous lui portons : « tu es celui qui m’a aimé dès mon premier jour, tu es la première personne qui m’a porté dans ses bras, tu es celui qui m’a appris à marcher, tu es celui qui m’a donné la vie et qui m’a appris à la prendre en main, tu es celui qui a tout fait pour mon bonheur… ».

Et si on faisait la même expérience avec Jésus : « pour vous, qui suis-je ? ». Que dirions-nous ? Spontanément, on serait tentés de reprendre toutes sortes de formules appris au catéchisme : « tu es la 2ème personne de la Trinité, tu es le Fils de Dieu, le Fils de l’Homme, tu es un grand prophète, tu es le Fils de Marie, tu es le Messie… ». Oui, c’est vrai, mais on ressentirait bien vite que cela sonne creux. Ce sont des mots, des formules que nous ne prenons pas vraiment au sérieux, car ça n’impacte pas mon cœur et ma vie. Si bien que ça a perdu de sa résonnance !

Jésus ne serait donc qu’un maître de doctrine, un sage qui a jadis exprimé des paroles inoubliables ? Pour Jésus, cette question « pour vous qui suis-je ? » est essentielle, car elle demande d’exprimer la vérité de nos cœurs, de reconnaître la profondeur réelle de relation vitale et d’amour entre lui et moi. Mais aussi parce que Jésus sait que si nous ne retenons de Lui que le côté guérisseur, l’homme qui parle avec autorité, quelqu’un qui chasse les démons de nos vies, qui calme les tempêtes ou multiplie les pains… très vite, viendra le jour où plus personne ne parlera de lui.

Or, très souvent, les Apôtres et les foules de Palestine n’ont retenu de lui que cet aspect vendeur car spectaculaire de ses actes.

D’ailleurs, Pierre, le 1er pape, de même que les Apôtres –les premiers évêques-, croyaient fermement que Jésus allait enfin prendre le pouvoir et rendre ainsi à Dieu sa place et sa puissance… Et à la suite de Pierre, combien de papes et d’évêques ont aussi rêvé d’une Eglise puissance, dominatrice, sans contestation, qui rassemblerait –contraint et forcé- toute l’humanité sous sa bannière ?

Mais pour chacun de nous, qui Jésus est-il donc ? C’est à chacun de nous d’y répondre, dans la vérité de nos âmes, dans l’écoute respectueuse de ce que nos cœurs nous dictent ! Car Jésus sera toujours celui qui nous déroute ; il est celui qui est du côté de la personne différente, du plus faible, de l’étranger, du couple à la dérive, de la femme confrontée aux problèmes de la vie, du jeune en perdition, de la personne qui ne trouve plus le sens à sa vie… Il est le Dieu d’une Eglise pauvre, humble et faible, qui s’engage elle-même aux côtés des pauvres et des plus petits qui sont nos frères, quels que soient les risques d’incompréhension, d’échec ou de suspicion.

Parce que cette Eglise-là a compris que, à l’image de son Dieu, « celui qui donne sa vie la sauvera » !

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