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Mot du père Franz - Du 05 au 20 février 2022

Nous sommes partis pour apprendre les nouvelles prières et répons du Missel Romain. Certes, cela va demander du temps, mais nous ne sommes pas pressés !

Aussi, j’aimerai revenir sur le premier des changements, celui qui a précédé les nouvelles traductions, celle du Notre Père… en lien avec l’approche du Carême qui appelle à la conversion. Dans le Notre Père, lorsque nous disons « pardonne-nous nos offenses », je crains qu’un jour on nous propose la traduction littérale, qui est : « remets-nous nos dettes ». Jésus, qui a créé cette prière, a donc choisi d’employer cette image étonnante de la « dette », de ce que nous devons à autrui et qu’autrui nous doit.

Venu pour accomplir la religion juive, Jésus s’inscrit ainsi dans la tradition des grands jubilés juifs, le jour du Grand Pardon. Ce jour offrait la remise complète des dettes au sens propre comme au sens figuré. Plus personne ne doit rien à personne. De ce fait, tous sont libérés.

Alors… quelles sont nos dettes ? Nos dettes sont le mal que nous avons fait. Et nos créances, ce qui nous est dû par le mal que nous avons subi. Cela entraîne l’idée de la compensation, de la réparation. L’offensé devient en quelque sorte un créancier, il attend quelque chose, et il n’aura pas la paix tant que la dette subsistera. Nous le savons, parce que nous le vivons.

Dans nos relations, nous connaissons ce sentiment qu’on nous doit ou que nous sommes en dette envers quelqu’un. L’expression française dit bien les choses : « je lui en veux ». Les membres d’une même famille ne se parlent plus à cause d’une vieille histoire, des voisins ne se fréquentent pas parce que les anciennes générations se son fâchées et on ne sait même plus pourquoi ; les rancunes sourdes, les excuses qui ne sont pas venues, et, plus grave, les fautes dont les conséquences sont telles qu’elles ne peuvent plus être réparées.

Nous portons tous des dettes, malheureusement.

Quelquefois, nous continuons, de faute en faute, de facilité en facilité, de creuser la dette, incapables de trouver une solution.

Or, Jésus nous demande de remettre les dettes… La seule façon d’apurer une dette, nous dit-il, c’est que le créancier la remette. C’est ce qu’il fait lui-même avec tous les pécheurs qu’il rencontre. Il les libère de leurs dettes : « va et ne pêche plus ». Certes, le débiteur doit avoir ce désir, sinon à quoi bon lui remettre sa dette ?

Si nous voulons être libérés, alors Jésus lui-même nous libère. C’est la merveille de la miséricorde de Dieu, qui surpasse toute justice. La justice –ce que Saint Paul nommait « la loi »- est stricte et exige un remboursement exact… Elle enferme donc dans une suite infinie de fautes et de paiements dont certains sont impossibles.

Sainte Thérèse, maître des novices, avait eu une belle réponse à une postulante qui lui disait : « Je prie pour être mis sous la justice de Dieu ». Et Thérèse s’était écriée : « surtout pas ! Mettez-vous plutôt sous la miséricorde de Dieu ! ».

Heureusement, la Miséricorde surabonde. Le créancier lui-même fait le paiement ! Voilà donc ce que Dieu nous offre : perpétuels endettés, il nous offre la libération. Perpétuels créanciers, il nous invite à libérer nos frères de ce qu’ils nous doivent. Par un geste, par une parole, par une réconciliation, il nous invite à devenir miséricordieux, comme lui. « A celui qui a fait miséricorde, il lui sera fait miséricorde », écrivait St Jacques. Invitation au partage, à se considérer comme des pauvres pécheurs pardonnés, nous savons combien c’est difficile. Et Jésus le sait !

Mais… C’est là que commence l’amour…


+Franz

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