Saint GUILLAUME DE GELLONE
Guillaume de Gellone ou d’Aquitaine, surnommé le Grand (né entre 750 et 755 - mort entre le 28 mai 812 et le 21 mai 8151) est un aristocrate important et une personnalité militaire du royaume d’Aquitaine de l’époque carolingienne. Il fut comte de Toulouse, duc d’Aquitaine et marquis de Septimanie dans les années 790, avant de fonder l’abbaye de Gellone en 804 et de s’y retirer.
Issu de la famille des Guilhelmides, apparentés aux Pippinides et aux Carolingiens, il grandit certainement à la cour royale franque. Il reçoit d’importantes fonctions de commandement en Aquitaine, en Septimanie et dans la marche d’Espagne, où il conseille le jeune roi d’Aquitaine, Louis, organise la défense du territoire, repousse les incursions musulmanes, et participe à la conquête de Barcelone en 801.
En 806, il se retire dans l’abbaye qu’il a fondée, sur les conseils de son ami Witiza, fondateur de l’abbaye d’Aniane, le réformateur Benoît. Canonisé par le pape Alexandre II en 1066 sous le nom de saint Guilhem, il est fêté le 28 mai.
Guillaume a inspiré au XIIe siècle le personnage de Guillaume d’Orange dans la chanson de geste Guillaume au Court Nez.
Jeunesse
Guillaume naît dans le nord du royaume franc, certainement en Bourgogne, au milieu du VIIIe siècle, entre 750 et 755. Son père, Thierry, peut-être un descendant de Bertrade de Prüm, rattaché à la haute noblesse franque, est un proche des maires du palais, Charles Martel et Pépin le Bref. Il est plusieurs fois comte d’Autun, en Bourgogne, entre 742 et 750 et épouse une fille de Charles Martel, Alda ou Aude.
Il est donc, à sa naissance, le neveu du nouveau roi des Francs, Pépin le Bref, et le cousin du futur Charlemagne, qui a à peu près son âge. Il passe son enfance à la cour royale. Il épouse, à une date inconnue, sa première femme, une dame franque, Cunégonde.
La défense de l’Aquitaine
Guillaume d’Aquitaine prend Nîmes en ayant caché ses hommes dans des tonneaux de vin (Bibliothèque de Boulogne-sur-Mer).
En 781, Charlemagne couronne son troisième fils, Louis, âgé de seulement trois ans, roi de l’Aquitaine, c’est-à-dire des territoires allant de la Loire aux abords de la Garonne, avec la Vasconie, organisée entre la Garonne et le piémont pyrénéen et dont la cité principale est Toulouse, la Septimanie et la marche d’Espagne. Il s’agit pour Charlemagne de donner des gages à la noblesse aquitaine, qui n’a été soumise aux Francs qu’en 769 par Pépin le Bref, mais aussi de faire face aux troubles fomentés par le duc des Basques, Loup II, qui secoue l’autorité franque et a provoqué le massacre de Roncevaux en 778. Il s’agit encore de repousser les incursions de musulmans d’Espagne : la Septimanie musulmane, conquise par Pépin le Bref en 759, reste menacée.
Chorson a été choisi comme comte de Toulouse et duc d’Aquitaine, afin d’aider le jeune Louis à gouverner et assurer la protection du royaume d’Aquitaine. En 785, il fait d’ailleurs la conquête de la ville de Gérone et de sa région, qui est confiée avec Besalu et Empuries au noble goth Rostaing. Mais en 787 ou 788, Chorson est enlevé par les Basques d’Adalric, qui l’oblige à lui prêter un serment de fidélité avant de le relâcher. Guillaume accompagne Charlemagne, qui poursuit la guerre au sud des Pyrénées et qui fait la conquête d’Urgell et de sa région en 789, intégrée au comté de Toulouse. En 790, Charlemagne démet Chorson de ses fonctions et le remplace par son cousin Guillaume en 790. Celui-ci est dès lors le principal responsable de la défense du royaume d’Aquitaine.
En 793, l’émir de Cordoue Hicham Ier profite que son royaume soit pacifié pour lancer plusieurs guerres saintes contre les royaumes chrétiens du nord de la péninsule. En 791, il vainc à Burbia le roi des Asturies, Bermude Ier. En 793, il regroupe une armée de 100 000 hommes, dont la moitié doit attaquer à nouveau le royaume des Asturies et l’autre moitié le royaume franc. Abd-al-Malik ibn Abd-al-Wahid ibn Mughith, le général d’Hicham Ier, s’empare d’abord de Gérone, puis pénètre en Septimanie, dont il ravage le territoire et la ville de Narbonne, afin de faire du butin. Guillaume se porte à sa rencontre et l’affronte à Villedaigne, sur les rives de l’Orbieu : il est battu, mais sa résistance acharnée épuise les musulmans, qui doivent battre retraite en Espagne. Les combats se poursuivent de façon sporadique en Septimanie jusqu’en 795, sans que les musulmans parviennent à progresser.
Les nouvelles offensives dans la marche d’Espagne
À partir de 796, l’émirat de Cordoue connaît des troubles : profitant de la succession difficile de Hicham Ier, remplacé par son fils al-Hakam Ier, le roi des Asturies Alphonse II passe à l’offensive et s’empare de Lisbonne en 798. La même année, ce sont les oncles d’al-Hakam, Sulayman et Abdallah, qui demandent également l’aide de Charlemagne. Afin de préparer la conquête, Guillaume convoque à Toulouse une assemblée à laquelle assistent Alphonse II des Asturies et le rebelle musulman Bahlul ibn Marzuq.
Les préparatifs de guerre prennent du temps, mais à la fin de l’année 800, Guillaume est aux côtés de Louis d’Aquitaine pour conquérir Barcelone : trois armées, l’une menée par le comte de Gérone, Rostaing, l’autre par Guillaume et la dernière par Louis se rejoignent pour mettre le siège devant la ville. Guillaume reçoit le commandement d’une partie de l’armée chargée de s’établir en territoire musulman, entre Lérida et Saragosse, afin d’arrêter les troupes musulmanes qui pourraient venir en renfort depuis Cordoue. Il attaque et pille les villes de Huesca et de Lérida, favorisant également la révolte des Basques de Pampelune, qui s’affranchissent de l’autorité musulmane. Il repousse, à la fin de l’année, une armée de secours près de Saragosse. Le 3 avril 801, le wali musulman de Barcelone, Haroun, ouvre les portes de sa ville aux troupes de Guillaume, qui entre dans la ville avant l’arrivée de Louis d’Aquitaine. La ville de Barcelone et sa région, érigée en comté, sont intégrés à la marche d’Espagne et confiés à Bera, le comte de Gérone, de Razès et de Conflent.
En 804, Guillaume ne semble pas participer aux opérations de conquête menées par Bera afin de consolider les positions franques de la marche d’Espagne, toujours sous la menace d’offensives musulmanes. Ce dernier organise une expédition contre Tarragone et Tortose, mais sa tentative échoue et il est repoussé.
La fondation de l’abbaye de Gellone
Parmi les personnalités du royaume d’Aquitaine se trouve un de ses amis d’enfance, Witiza, qui après une carrière militaire, fonda vers 784 une abbaye à Aniane, sur la rive sud de l’Hérault, adoptant alors le nom de Benoît. À son exemple et sur les conseils de Benoît d’Aniane, réformateur de l’ordre bénédictin, Guillaume fonde en 804 des établissements religieux suivant la règle de saint Benoît. Il choisit un lieu assez proche d’Aniane, mais sur la rive nord, dans le vallon de Gellone, qui faisait à l’époque partie du diocèse de Lodève, et y installe la communauté de Saint-Sauveur de Gellone.
Après la mort de sa deuxième femme, Guibourg, en 806, il s’y retire. Il meurt à Gellone le 28 mai 812 ou 814. L’abbaye reste dans la dépendance des abbés d’Aniane.
L’abbaye d’un roman provençal des plus beaux a malheureusement été amputée de toutes ses décorations lapidaires, vendues à George Grey Barnard et acquises par le Metropolitan Museum. Elles peuvent être admirées aujourd’hui au Cloisters museum.
Postérité La béatification
saint Guillaume de Gellone ou d’Aquitaine Image illustrative de l’article Guillaume de Gellone Saint Guillaume ermite. Peinture d’Antonio de Pereda, vers 1630 (Académie royale des beaux-arts de San Fernando, Madrid). Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît Vénéré à Saint-Guilhem-le-Désert Béatification vénéré dès le début du IXe siècle Canonisation 1066 Rome par Alexandre II Vénéré par Église catholique romaine
Peu de temps après sa mort, Guillaume est l’objet de la vénération de la population locale. L’abbaye attire un grand nombre de pèlerins, en particulier pour ceux qui se dirigent vers Saint-Jacques de Compostelle par la voie d’Arles. Le corps de Guillaume, placé sous le dallage du narthex, est déplacé dans le chœur, malgré l’opposition de l’abbé d’Aniane. En 1066, le pape Alexandre II proclame la canonisation de saint Guilhem. Son culte se répand, principalement dans l’Hérault, mais également en Espagne, comme à Campins.
Guillaume est censé avoir accompli plusieurs miracles à Gellone. Ainsi, Guillaume aurait eu le pouvoir d’éloigner le diable. De l’abbaye d’Aniane, Benoît lui envoyait régulièrement des vivres par le seul chemin praticable, nécessitant de franchir les gorges de l’Hérault, mais chaque fois, le diable effrayait les animaux de charge qui tombaient dans le précipice. Guillaume, avec l’aide de Dieu, ordonna au diable de rentrer dans son trou et de n’en plus sortir.
Dans l’abbaye bénédictine de Gellone, appelée aujourd’hui Saint-Guilhem-le-Désert, se trouve encore le reliquaire en argent, en forme de croix, renfermant un morceau de la Sainte Croix que Charlemagne lui avait offert.
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