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Saint HIDULPHE

Saint Hidulphe ou Hydulphe évêque et fondateur de monastères (✝ 707)

Hydulphe ou Hidulphe, personnage légendaire appelé saint Hydulphe ou saint Hidulphe, est un moine bénédictin d’Austrasie. Les historiens s’accordent sur son rôle fondateur d’une abbaye vosgienne, Moyenmoutier. Mais la biographie extirpée des trois hagiographies successives ou vitae hidulphi est suspecte aux yeux des historiens. Le saint chrétien, authentique moine, fêté le 11 juillet, a été transformé en partie par la légende.


Un parcours légendaire Hidulphe serait né en 612. Il est mort, selon ses hagiographies, le 11 juillet 707. La légende raconte qu’il aurait été inhumé à Moyenmoutier dans un sarcophage en grès toujours visible dans l’ancienne chapelle Saint-Grégoire dans cette commune. Des reliquaires déposés dans l’abbatiale de Moyenmoutier contiendraient une partie de ses restes. Une rue de cette commune porte son nom.

Originaire de Norique, au sud de l’actuelle Bavière, il fréquente les écoles de Ratisbonne. Il se destine très jeune à la vie religieuse et fait sa profession monastique en l’abbaye Saint-Maximin de Trèves.On pense qu’il a pu être chorévêque dans cette importante cité épiscopale et qu’il y a côtoyé Gondelbert et Déodat, futurs moines des Vosges.Il convient de le distinguer de Hydulphe de Lobbes, mort le 23 juin 707.

Après une trentaine d’années, il se démet de sa charge et arrive dans la vallée vosgienne du Rabodeau vers 670. Il bâtit sa hutte à mi-chemin d’Étival et de Senones, dans la forêt. La renommée du nouvel ermite attire bientôt une foule de disciples. Hydulphe décide alors la construction d’un monastère sur le lieu, qui devient l’abbaye de Moyenmoutier (medianum monasterium), puisque ce monastère (moutier) prend place au cœur de la Croix Sacrée de Lorraine. Premier abbé de Moyenmoutier, il choisit la règle de saint Benoît comme mode de vie de la nouvelle communauté. L’église actuelle porte son nom.

Hidulphe aurait été abbé en activité vers 690-700 d’après sa légende tardive. Dans certaines évocations du miracle de sainte Odile recouvrant la vue. On trouve à l’église abbatiale de Moyenmoutier un tableau représentant cette scène. On retrouve saint Hydulphe accompagnant saint Erhard, évêque d’Ardagh, de Trèves ou de Ratisbonne (?), parfois présenté comme son frère.


Personnage légendaire du conteur traditionnel Les montagnards ont adopté Hidulphe sous le nom d’Idoux. Il est un ami bienveillant de Dieudonné ou saint Dié. Lorsqu’ils bâtissent leur monastère à plusieurs lieues de distance, ils se crient une demande urgente et échangent les outils manquants en les lançant avec précision dans l’air. Particulièrement pendant l’échange avec Idoux, les outils projetés de très loin et avec force amortissent leur chute de manière miraculeuse dans l’air, de façon que même un enfant peut les saisir sans mal. Idoux a une action constamment apaisante sur le puissant Dieudonné. Pendant l’hiver, ils s’envoient des billets par le même canal des airs. Tous les lundis de Pentecôte, les inséparables amis avaient l’habitude de se rejoindre en chair et en os, en temps et en heures, à mi-chemin de leurs deux moutiers, sur une hauteur de la Voivre à Béchamp. Leurs reliques, disaient-on autrefois, ont fait de même d’une irrésistible façon !

Idoux apprécie particulièrement Spin ou Spinule, moine voisin de Bégoncelle (Saint-Blaise), qui l’aide à forer des bois ou des roches, pour recueillir de précieuses eaux salées. Spin le fait se tordre de rire. Il est profondément peiné par sa disparition et jeûne plusieurs semaines par rejet de la vie.

Il est vénéré par deux moines disciples, les frères Jean et Bénigne, qui ne peuvent supporter sa disparition et le suivent dans la tombe à la fin du mois de son trépas.

Idoux appelle les cultivateurs de la montagne à se ménager, à prendre un peu de bon temps après la fenaison et à observer la douceur climatique avant de s’échauffer sous la charge des moissons. Dans l’évêché de Toul, saint Spinule est fêté le 5 décembre et les frères aux cœurs tendres, Jean et Bénigne le 31 juillet. Notons enfin que la tradition n’a pas souci de donner des dates biographiques car ses personnages font désormais partie d’un calendrier cyclique.


Un vrai moine du huitième siècle Une digression précise ajoutée dans la troisième vita hidulphi fait intervenir Hidulphe au temps de Jacob et de Pépin. Voilà une surprise : l’évêque de Toul Jacob a commencé son épiscopat vers 756 pour l’achever en 765, et Pépin a régné de 751 à 758. Le troisième hagiographe a ajouté un fait précis, sorti des archives, la retraite d’Hidulphe pour fonder son monastère, au milieu du huitième siècle et pourtant il maintient sans souci de vérification le décès en 707 ! Soucieux de la tradition, il ne veut pas contredire les premières vitae.

L’archiviste Paul Boudet, disparu au front en 1914, pensait que Hydulphe était un vrai contemporain de Pépin. La conquête de la montagne vosgienne par les Peppinnides, sous le masque du pouvoir royal, a été longue et douloureuse, car il a fallu évincer l’influence des Etichonides sur les bans vosgiens, sundgoviens, nordgoviens et alsaciens. Poursuivant l’œuvre de son père Charles, maire du palais, le roi Pépin administre enfin Chaumontois et Alsace. Il a besoin de solides administrateurs et a appelé des Bénédictins. Ceux-ci arrivent dans la montagne alors que le déclin des courants irlandais ou colombaniens, encore rayonnant au septième siècle, est net. Ce courant évangélisateur, encore si austère et si rigoureux à son apogée lors de la création des bans n’a pas permis la fondation de grands monastères. Les petits moutiers éphémères se sont éparpillés, spécialisés dans le service divin ou la contemplation en petites celles, leur richesse et leur belle reconnaissance ont instillé une lente décadence. Quelques moutiers, fascinés par l’excroissance bénédictine vers le nord de la France, résistent mieux par mesure de tempérance et de sincérité en adoptant des règles mixtes colombano-bénédictines, mais l’historien doit reconnaître l’absence de documents dans cette partie des Vosges.


Une mission monastique Hidulphe, avant de fonder une abbaye à Moyenmoutier, est d’abord un simple administrateur après la reconquête royale. Il impose un rattachement avec le Chaumontois dans le cadre du fisc royal. Cette restructuration administrative fait perdre toute autonomie fiscale aux bans vosgiens, si elle a existé en pratique. Au milieu d’un semis de petit moutiers, en partie abandonnés, brûlés, dévastés ou ruinés, vivent encore avec la population des moines de rite irlandais dans de modestes celles, mais les autres ont fui. Mal vus par les autorités royales, mal protégés par le peuple asservi ou accablé de charges, la décadence de cette vie monastique ascétique est consommée, malgré quelques feux rebelles ou héroïques. Bénéficiant d’une situation de monopole, les Bénédictins ont une grande responsabilité administrative. Hidulphe aurait pu se contenter de repartir une fois sa mission accomplie, comme d’autres moines ambitieux vers le centre du pouvoir, mais le vieux moine choisit de rester en fondant avec l’agrément du pouvoir carolingien un centre religieux et administratif exemplaire. S’installe-t-il sur les ruines d’un moutier ou près d’un hameau abandonné, peut-être transformé par la soldatesque en repère fortifié ? Les observateurs savent qu’il est au centre de ce semis monastique abandonné, fondé par les premiers chrétiens évangélisateurs de la montagne. Ainsi se nomme medianum monasterium ou le monastère au milieu des autres. Son fondateur veut instaurer un pouvoir pacifique dans une retraite apaisante, adoucir la dure loi des guerriers et du fisc dans une lente continuité en fondant une cité de Dieu.

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