Saint MELLITUS
Laurent de Cantorbéry
Archevêque, Saint
(+ 619)
Afin de mieux comprendre la vie de saint Laurent de Cantorbéry, il faut d’abord connaître celle de saint Augustin de Cantorbéry dont on ignore tout de l’enfance et de la jeunesse. On sait seulement qu’Augustin de Cantorbéry fut moine au monastère de saint André fondé par le pape Grégoire 1er le Grand, à Rome. En 596, à Arles, se préparait une mission pour l’Angleterre. En 597, Augustin de Cantorbéry vint à Arles. À la demande du pape Grégoire 1er le Grand, et entouré de nombreux évêques, il fut consacré archevêque de l’Église par l’archevêque d’Arles, alors vicaire du Saint-Siège en Gaule. Il débarqua ensuite en Angleterre avec 40 moines, dont notre futur saint Laurent de Cantorbéry, afin de ramener ce pays à la foi catholique, après les invasions qui détruisirent les structures de l’Église chrétienne celte préexistante.
Augustin de Cantorbéry installa une bibliothèque à Cantorbéry et introduisit le chant romain en Angleterre, où il rencontra un grand succès. Augustin, craignant qu’après sa mort, les nouveaux convertis ne retournent au paganisme, détruisant ainsi les efforts missionnaires en Grande-Bretagne, consacra vers 604, Laurent comme évêque coadjuteur et archevêque pour lui succéder après sa mort, ce qui était interdit par le droit canon. Augustin mourut en 604.
Parlons maintenant de saint Laurent de Cantorbéry, 2e archevêque de cette ville. Nous savons que Laurent, moine chrétien à Rome, fit partie de la mission grégorienne envoyée en Angleterre pour convertir les anglo-saxons au christianisme. Nous ignorons tout de l’histoire de Laurent avant son voyage pour l’Angleterre. Avec Augustin et les autres membres de la mission, Laurent arriva à Thanet, dans le Kent, en 597.
Selon Bède le Vénérable, vers 598, Augustin envoya Laurent en Italie afin d’informer le pape Grégoire 1er de la réussite de la mission, et tout particulièrement de la conversion du roi Æthelberht de Kent. Il demanda également à Laurent de remettre au pape une liste de questions. Laurent revint en juin 601 avec Mellitus, futur successeur de Laurent, avec un second groupe de missionnaires. Grégoire donna une lettre destinée à la reine du Kent, Berthe, lettre dans laquelle il rendait hommage au rôle de Laurent dans la conversion de son mari. Laurent apportait aussi les réponses de Grégoire aux questions d’Augustin ; cette lettre fut connue sous le nom de Libellus responsionum.
En 610, Laurent, qui avait demandé des conseils au pape, reçut de Boniface IV les réponses qu’il attendait, ainsi que les décrets du synode qui s’était tenu à Rome. En 613, Laurent consacra l’église du monastère de Cantorbéry bâti par Augustin. Laurent écrivit également aux évêques des terres tenues par les Scots (les Écossais actuels) et les Bretons insulaires, celtes, les exhortant à fêter Pâques le même jour que l’Église romaine au lieu de s’en tenir à leur date traditionnelle. Il essaya, mais hélas sans succès, de résoudre les conflits opposant les missionnaires aux évêques anglo-saxons en correspondant avec ces derniers sur les sujets de discorde. De plus, notre saint Laurent de Cantorbéry dut faire face à la crise qui suivit la mort du roi Æthelbertht de Kent, lorsque Eadbald, fils et successeur de ce dernier, abandonna le christianisme en 616, ce qui favorisa un retour en force du paganisme et força beaucoup de missionnaires grégoriens à fuir en Gaule. Mais Laurent resta en Grande-Bretagne et réussit à reconvertir Eadbald au christianisme.
Ici une anecdote s’impose. D’après Bède le Vénérable, Laurent était prêt à s’enfuir lui aussi, lorsqu’il reçut dans un rêve la visite de saint Pierre. Ce dernier le châtia et le fouetta, laissant des plaies visibles sur sa peau. Son rêve terminé. Laurent montra alors ses plaies au roi Eadbald qui se convertit immédiatement. Cette histoire fut contestée par certains historiens modernes, mais, selon Benedicta Ward, historienne du christianisme, cette histoire de la flagellation aurait eu pour raison d’être de rappeler combien le Christ avait souffert pour les Hommes.
Laurent a beaucoup œuvré comme missionnaire. Il poursuivit les efforts d’Augustin pour gagner l’Église celtique aux coutumes romaines, mais la mission subit un grave revers à la mort d’Ethelbert. En effet, à la mort de ce roi, les gens du Kent commencèrent à se détacher de leur nouvelle foi. Ceci fut largement dû à Eadbald, le nouveau roi, qui n’avait pas suivi son père en devenant chrétien et qui avait offensé la Loi de l’Église en épousant sa belle-mère. Les remontrances de l’archevêque ne servirent qu’à rendre le roi plus déterminé dans ses pratiques païennes, et Laurent commençait à désespérer, décidant avec ses collègues évêques, Mellitus de Londres et Juste de Rochester, d’abandonner la nation anglaise comme irrécupérable.
Laurent de Cantorbéry Archevêque, Saint (+ 619)
Mellitus et Juste quittèrent le pays. Laurent devait les suivre le lendemain. Pour sa dernière nuit, il avait préparé un lit dans l’église abbatiale devant l’autel, et après avoir dit ses prières, il s’endormit. Et c’est au milieu de cette nuit, qu’il fut réveillé par une vision dans laquelle l’apôtre Pierre le fit battre de verges avec un grand fouet, lui demandant la raison de sa désertion.
Pourquoi abandonnes-tu le troupeau qui t’a été confié ?" demanda Pierre à Laurent. "À quels bergers laisses-tu les brebis du Christ, qui sont parmi les loups ? As-tu oublié mon exemple, par lequel pour l’amour de ces petits que le Christ me donna comme un gage de Son affection, j’ai souffert aux mains des infidèles les chaînes, les coups, l’emprisonnement, les tortures et enfin la crucifixion, afin que je puisse être couronné avec Lui ?"
Le matin suivant, Laurent alla voir Eadbald et lui montra les cicatrices des coups qu’il avait reçus pendant la nuit. Le roi horrifié d’apprendre que des mains avaient osé torturer ce saint homme, exigea de savoir qui avait agi ainsi contre lui. Quand l’archevêque lui eut raconté son rêve, le roi, très impressionné, renonça à son mariage et fut baptisé dans la foi chrétienne.
Mellitus et Juste revinrent bientôt et saint Laurent de Cantorbéry continua à construire l’Église du Christ en Angleterre. Quand il mourut, son corps fut enterré dans l’église abbatiale où il avait eu sa vision, et on se souvint de lui, en lui dédiant un hôpital situé sur la vieille route de Douvres. Cet hôpital est maintenant remplacé par un Cricket Ground.
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