Saint PIERRE DE BETANCUR
Saint Pierre de BETANCUR
Pedro (Pierre) de Betancur naît le 21 mars 1626 à Vilaflor, village pittoresque situé sur l’île de Tenerife, aux Canaries. Il est baptisé le jour même. Il descend de Jean Maciot de Bétancourt, l’un des Normands qui avaient conquis les Canaries, mais à l’époque de sa naissance sa famille est devenue très pauvre. Ses parents sont des chrétiens convaincus. Pierre commence très tôt à garder le petit troupeau de son père. Au contact de la belle nature de l’île, il acquiert une âme contemplative et partout il y retrouve la trace de Dieu. A la mort de son père il se met à cultiver le lopin de terre familial. Par un oncle, frère Louis de Betancur, il a entendu parler de l’Amérique, de ses forêts, de ses ’Indios’ et de leurs misérables conditions de vie. Dès lors, il ne rêve que de rejoindre le Honduras ou le Guatemala et de se consacrer à l’évangélisation des autochtones. Il prend le temps de réfléchir dans la prière et il consulte une tante qui réside au cœur de l’île. Après mûre réflexion, la tante lui indique la route de la mer et déclare : "Tu dois aller à la rencontre de Dieu comme Pierre sur les eaux." Sans repasser par chez lui (car sa mère était consciente de sa vocation mais formait pour lui des projets de mariage), Pierre se rend au port de Santa Cruz de Tenerife et s’embarque sur un mauvais bateau à destination de l’Amérique.
Il a 24 ans quand il débarque à Cuba, à la Havane, en 1649. Au bout de deux ans, il quitte La Havane à destination du Continent Américain et il s’engage comme mousse pour payer son voyage. Son bateau mouille au Honduras. Pierre est si apprécié de tous qu’on veut le garder à bord. Il se plie aux vues de la Providence, laquelle se manifeste lorsqu’il devient si malade que l’équipage l’abandonne sur une plage. Là il rencontre un pêcheur qui lui parle de la ville de Guatemala. Alors il s’exclame : "Je désire me rendre dans cette ville parce qu’une joie profonde et une force supérieure me poussent à aller vers elle." Passant par Trujillo (Honduras), il arrive à Santiago de los Caballeros en 1651 et dans la capitale guatémaltèque, Antigua Guatemala. Là, il s’agenouille et baise le sol en disant : "C’est ici que je dois vivre et mourir." Sur les conseils de son confesseur, il entreprend des études pour devenir prêtre. Il travaille jour et nuit sur ses livres, mais en vain. Il fait appel à la Vierge du Rosaire qui l’éclaire et il décide d’abandonner la voie du sacerdoce. On lui conseille de devenir frère lai chez les Franciscains, mais il comprend qu’il doit rester dans le monde et il revêt seulement l’habit du Tiers-Ordre de Saint François en 1655. C’est peut-être à cette occasion qu’il ajoute à son nom celui de Saint Joseph, ce qui donne Frère Pedro de San José. Il se retire dans l’église (ou monastère) du Calvaire où il remplit la fonction de sacristain tout en exerçant à l’extérieur les œuvres de miséricorde. Là, dans la prière, il cherche la volonté de Dieu à chaque instant. "Frère Pedro forge ainsi sa spiritualité, en particulier dans la contemplation des mystères de Bethléem et de la Croix. Si dans la naissance et l’enfance de Jésus, il approfondit l’événement fondamental de l’Incarnation du Verbe de Dieu (et en particulier de l’Enfant Jésus), dans la méditation sur la Croix, il trouve la force d’exercer de manière héroïque la miséricorde envers les personnes les plus humbles et dans le besoin." (Jean Paul II)
En 1658 il crée la "Petite maison de Notre-Dame de Bethléem" qui devient le creuset d’un nouvel ordre religieux dit des Bethléemites, le premier né en Amérique. Au départ ce n’est qu’une pauvre maison de paille. Il recueille les enfants des rues et les alphabétise, lui qui n’avait pas réussi à étudier ! Première école d’alphabétisation d’Amérique centrale. Il soigne aussi les malades abandonnés, soutient les pauvres honteux, héberge les étudiants désargentés. La journée terminée, son travail n’est pas fini. La nuit venue, il parcourt la ville s’adressant à tous au son de sa clochette et de son message de conversion : "Rappelez-vous mes frères que nous avons une âme et que si nous la perdons, nous ne la retrouverons pas." Sa sollicitude s’étend jusqu’aux prostituées. Pour les animaux eux-mêmes, en bon fils de Saint François, il a des gestes de tendresse. C’est vraiment ’l’homme fait charité’ comme on le dit. Des laïcs se groupent autour de lui dans le Tiers-Ordre franciscain et deviennent les premiers frères et sœurs Bethléemites pour lesquels il écrit une Règle comprenant le soutien des pauvres et une vie de prière et de pénitence. Frère Pierre fait confiance à la Providence pour le soutien de son œuvre et les miracles se multiplient.
Épuisé par sa vie de pénitence, il attrape une broncho-pneumonie en 1667. Il a 41 ans. Il s’exclame en regardant un tableau de Saint Joseph : "C’est là ma gloire" et il expire. La même année ses Constitutions sont approuvées donnant naissance juridique au nouvel Ordre religieux. Cet Ordre sera interdit par le gouvernement espagnol en 1820 sous prétexte qu’il abrite des activistes indépendantistes. Du coup, les Frères disparaissent mais les Sœurs réussissent à survivre. La branche masculine est restaurée en 1984 après la béatification du Fondateur par le Pape Jean Paul II. Elle ne compte actuellement (2002) que 15 membres, mais les Sœurs sont environ 800. Les Frères espèrent de nombreuses vocations grâce à la canonisation, laquelle est faite par Jean Paul II en juillet 2002 lors de son voyage en Amérique après les JMJ de Toronto et avant la canonisation de Juan Diego, le voyant de Guadalupe, avec la béatification de deux martyrs mexicains.
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