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Saint THOMAS BECKET

Saint Thomas Becket

archevêque de Cantorbéry, martyr (✝ 1170)

Il est né au cœur de Londres rue Cheapside en 1118 ou 1120, le jour de la Saint Thomas, de parents marchands originaires de Mondeville en Normandie. Selon une légende forgée trois siècles après le martyre de Thomas Becket mais insérée rétrospectivement dans l'hagiographie du xiie siècle Life of St Thomas d'Edward Grim (en) (légende orientale reprise par les historiens romantiques Froude et Sharon Turner en Angleterre, Thierry et Michelet en France), son père Gilbert Beckett aurait rencontré sa mère Matilda alors qu'il était en croisade en Terre sainte. Gilbert fut capturé par des Sarrasins, devint esclave d'un musulman dont la fille Mahatz (appelée aussi Roesia et plus tard Matilda) le délivra par amour. Il reçut une excellente éducation à l’école-cathédrale de Canterbury, complétée par des études à Bologne, alors le centre majeur en Occident pour la science juridique. De retour en Angleterre, il attira l’attention de Thibaut du Bec, archevêque de Canterbury, qui lui confia plusieurs missions importantes à Rome et le fit nommer archidiacre de Canterbury et prévôt de Beverley. Il se distingua par son zèle et son efficacité, aussi Thibaut le recommanda au roi Henri II quand le haut poste de chancelier fut vacant. Il fut élevé à cette dignité le 11 janvier 1155. Henri, comme tous les rois normano-angevins, désirait être le maître absolu, tant de son royaume que de l’Église, et pouvait, pour ce faire, s'appuyer sur les traditions de sa maison. Il le fit quand il voulut se débarrasser des privilèges du clergé anglais qu’il voyait comme autant d'entraves à son autorité. Becket lui parut l’instrument adapté pour accomplir ses desseins ; Thomas se montra dévoué aux intérêts de son maître et un agréable grand ami tout en maintenant avec diplomatie une certaine fermeté, de sorte que personne, sauf peut-être Jean de Salisbury, n’aurait pu douter de sa totale fidélité à la cause royale. Le roi Henri envoya son fils Henri le Jeune, plus tard le jeune roi, vivre au domicile de Becket comme c’était la coutume pour les enfants nobles d’être accueillis dans une autre maison où Thomas devint son précepteur et maître d'armes. Plus tard, ce sera une des raisons pour lesquelles « le jeune roi » se retourna contre son père, s’étant affectivement attaché à son tuteur Becket. L’archevêque Thibaut du Bec mourut le 18 avril 1161 et le chapitre apprit, avec quelque indignation, que le roi espérait qu’il choisirait Thomas pour successeur. Il se rallia cependant à l’avis royal, l’élection eut lieu en mai 1162 et Thomas fut consacré le 3 juin 1162.

Archevêque Dès qu’il fut nommé, une transformation radicale du caractère du nouveau primat s’opéra à la stupéfaction générale du roi et de tout le royaume. Le courtisan gai et amant des plaisirs fit place à un prélat ascétique en robe de moine, prêt à soutenir jusqu’au bout la cause de la hiérarchie. Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine raconte qu’il se mortifiait en portant le cilice caché sous ses habits et que, chaque soir, il lavait les pieds de treize pauvres, les nourrissait et les renvoyait avec quatre pièces d'argent. Devant le schisme qui divisait l’Église, il se déclara pour le pape Alexandre III, fidèle à un homme voué aux mêmes principes hiérarchiques, et il reçut le pallium d’Alexandre au concile de Tours. À son retour en Angleterre, Becket mit immédiatement à exécution le projet qu’il avait préparé de libérer l’Église d’Angleterre des limitations mêmes qu’il avait contribué à faire appliquer. Son but était double : l’exemption complète de l’Église de toute juridiction civile, avec un contrôle exclusif de sa propre juridiction par le clergé, liberté d’appel, etc. et l’acquisition et la sécurité de la propriété comme un fonds indépendant. Le roi comprit rapidement le résultat inévitable de l’attitude de Thomas et convoqua le clergé à Westminster le 11 octobre 1163, demandant l’abrogation de toute demande d'exemption des juridictions civiles et que soit reconnue l’égalité de tous les sujets devant la loi. Le haut clergé tendait à consentir à la demande du roi, ce que refusa l’archevêque. Henri n’était pas prêt à une lutte ouverte et proposa un accord plus vague relevant de la coutume de ses ancêtres. Thomas accepta ce compromis, en maintenant cependant des réserves sur la sauvegarde des droits de l’Église. Rien ne fut résolu et la question restait ouverte. Henri quitta donc Londres très content.

Désaccord avec le roi Henri convoqua une autre assemblée à Clarendon le 30 janvier 1164 où il présenta ses demandes en seize points. Ce qu’il demandait impliquait un relatif recul par rapport aux concessions faites aux églises par Henri Ier lors du concordat de Londres en 1107 puis par le roi Étienne d'Angleterre en 1136 mais se situait dans la droite ligne d'une monarchie qui, depuis l’époque de Guillaume le Conquérant, entendait gouverner sans partage toutes les affaires du royaume. Les Constitutions de Clarendon représentaient cependant une codification écrite, plus contraignante que la coutume qui prévalait jusque-là, et surtout entendaient placer tous les sujets du roi, y compris les clercs, de plus en plus nombreux, sur un pied d’égalité judiciaire (ce qui signifiait aussi percevoir les amendes afférentes aux condamnations), tous ne relevant que des tribunaux royaux. Le roi s’employa à obtenir l’accord du clergé et apparemment l’obtint, sauf celui du primat. Becket chercha encore à parvenir à ses fins par la discussion, puis il refusa définitivement de signer. Cela signifiait la guerre entre les deux pouvoirs en place. Henri essaya de se débarrasser de Becket par voie judiciaire et le convoqua devant un grand conseil à Northampton le 8 octobre 1164 pour répondre de l'accusation de contestation de l'autorité royale et malfaisance dans son emploi de chancelier. Une autre raison de leur désaccord fut son refus d'accorder le mariage de Guillaume Plantagenêt, comte du Poitou, vicomte de Dieppe (frère du roi d'Angleterre Henri II (roi d'Angleterre)) avec Isabelle de Warenne (en) pour consanguinité.

Becket quitte l'Angleterre Becket dénia à l'assemblée le droit de le juger. Il fit appel au pape et sentant que sa vie était trop précieuse pour l'Église pour être risquée, partit en exil volontaire. Le 2 novembre 1164, il embarqua à Sandwich, sur un petit bateau de pêcheurs, et gagne le port de Gravelines qui le débarqua en Flandre. Dans une lettre célèbre alors adressée au pape, il exalte le principe de la supériorité pontificale, notamment en matière judiciaire. Il s'en prend surtout à l'attitude des autres évêques anglais qui sont ralliés au roi et qui selon lui, méconnaissent le principe de hiérarchie ecclésiastique. Il alla à Sens6, où était réfugié le pape Alexandre III. Ce dernier venait de recevoir des ambassadeurs envoyés par le roi d'Angleterre qui demandait au pape de prendre des sanctions contre Becket et réclamait qu'un légat soit envoyé en Angleterre avec autorité plénière pour résoudre le conflit. Le pape Alexandre y opposa son refus et quand, quelques jours plus tard, Becket arriva et lui fit le récit complet de la procédure, le pape lui accorda son soutien. Henri II poursuivit l'archevêque fugitif avec une série de décrets applicables à tous ses amis et partisans aussi bien qu'à Becket lui-même ; mais Louis VII de France le reçut avec respect et lui offrit sa protection, d'autant qu'il s'agissait là d'un moyen d'affaiblir son royal vassal Plantagenêt. Thomas Becket resta presque deux ans dans l'abbaye cistercienne de Pontigny (voir Cîteaux, ordre cistercien) (fin 1164-1166), jusqu'à ce que les menaces d'Henri l'obligent à se rendre de nouveau à Sens où il demeura à l'abbaye Sainte-Colombe de Saint-Denis-lès-Sens. Louis VII, comme Alexandre III, organisa diverses missions de conciliation auxquelles prirent part des religieux de divers ordres, notamment chartreux et grandmontains. Becket, en pleine possession de ses prérogatives, désirait voir sa position soutenue par les armes de l'excommunication et de l'interdit. Mais le pape Alexandre III, bien que sympathisant des idées de Becket, préféra temporiser, car son propre conflit avec Frédéric Ier requérait au moins la neutralité du roi d'Angleterre. Les divergences se creusèrent entre le pape et l'archevêque, et les relations devinrent même plus amères quand les légats furent envoyés en 1167 avec autorité d'arbitre. Négligeant cette limitation de sa propre juridiction et persistant sur ses principes, Thomas palabra avec les légats, conditionnant toujours son obéissance au roi par les droits de son ordre. Sa fermeté sembla être récompensée quand, enfin en 1170, le pape fut sur le point d'appliquer ses menaces d'excommunication du roi Henri qui, inquiet de cette éventualité, mit ses espoirs dans un accord qui permettrait à Thomas de retourner en Angleterre et de continuer son ministère. Finalement, le 22 juillet 1170, la paix qui fut conclue à Fréteval entre Henri et Thomas permit à l'archevêque anglais de rentrer en Angleterre. Thomas débarqua à Sandwich le 3 décembre 1170 et deux jours plus tard il entrait à Canterbury. Mais les deux parties restèrent cependant inconciliables, et Henri, incité par ses partisans, refusa de rendre les propriétés ecclésiastiques qu'il avait saisies. Thomas avait déjà préparé la sanction contre ceux qui avaient privé l'Église de ses biens et contre les évêques qui avaient inspiré la saisie.

L'assassinat La tension était désormais trop grande pour trouver une issue autre que la catastrophe qui ne fut pas longue à venir. Une phrase du roi exaspéré : « N'y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ? » (bien qu'il puisse s'agir d'une phrase apocryphe, la phrase exacte étant incertaine) fut interprétée comme ordre par quatre chevaliers anglo-normands : Reginald Fitzurse, Hugues de Morville, Guillaume de Tracy et Richard le Breton (en). Ces quatre chevaliers projetèrent donc immédiatement le meurtre de l'archevêque et le perpétrèrent près de l'autel de la cathédrale de Canterbury le 29 décembre 1170. Henri II se résolut alors à faire pénitence publique à Avranches en 1172 et à revenir sur les décisions entérinées dans les Constitutions de Clarendon. Enseigne de pèlerinage en plomb représentant Thomas Becket, vendue aux pèlerins se rendant sur sa tombe à Canterbury, xive siècle. Becket fut ensuite révéré par les fidèles dans toute l'Europe comme martyr (par exemple l'église de Bénodet (Finistère) a pour saint patron Thomas Becket7 et la commune voisine de Pleuven possède une chapelle Saint-Thomas, son culte ayant été répandu dans le Pays fouesnantais par les moines de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas8) et canonisé par le pape Alexandre III le 21 février 1173.

Le 12 janvier de l'année suivante, Henri II dut faire pénitence publiquement sur la tombe de son ennemi, qui resta un des lieux de pèlerinage les plus populaires en Angleterre, jusqu'à sa destruction lors de l'anéantissement des monastères. Un reliquaire fut cependant conservé, et ce site est visité par de nombreux touristes de nos jours. Au-dessus de l'autel placé dans la chapelle, sont représentées trois épées rappelant celles ayant servi à assassiner Becket. Les principales reliques de Thomas Becket sont conservées dans la crypte de la basilique des Saints-Boniface-et-Alexis à Rome. Les autres ont été dispersées à travers l'Europe pour la vénération des fidèles, souvent conservées dans des châsses en émail champlevé fabriquées à Limoges.

Vitraux, retables et statues Saint Thomas de Cantorbéry consacre une église (vitrail gothique de la cathédrale de Sens). Des vitraux de la cathédrale Saint-Étienne de Sens (1215–1235), de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers et d’autres de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, illustrent la vie de saint Thomas Becket. La cathédrale Saint-Étienne de Sens possède également une statue du xiie siècle qui fut retrouvée dans la maison habitée par Thomas Becket, une chapelle est dédiée à Thomas Becket, elle abrite un tableau représentant l'archevêque remettant son anneau au Pape, ainsi qu'un retable offert par Mgr Ardin. Une statue de Thomas Becket en habits pontificaux et une sculpture représentant son assassinat sont abritées dans l'église de Boissy-sous-Saint-Yon.

La cathédrale Notre-Dame de Laon possède une chapelle dédiée à Thomas Becket à l'étage des tribunes. Elle fut construite à l'époque de son assassinat où il était vénéré depuis son passage en cette ville. L'église Saint-Thomas-de Cantorbéry de Mur-de-Barrez (Aveyron) possède un tableau et un vitrail (moderne) illustrant l'assassinat. De même, à l'intérieur de la cathédrale de Saint David's, au pays de Galles, un vitrail représentant Thomas Becket et son martyre orne une chapelle dédiée à sa mémoire. Le retable en bois de l'église Saint-Thomas-de-Canterbury de Landerneau (Finistère), présente également un bas-relief figurant l'assassinat de saint Thomas Becket. Le culte de Thomas Becket se propagea rapidement en Normandie, si bien qu'on trouve aujourd'hui plusieurs décors et objets en lien avec ce personnage. Le transept de la cathédrale de Bayeux est orné d'une peinture murale du XIXe siècle - repeinte sur un décor plus ancien - qui représente l'assassinat de saint Thomas Becket. Un autre décor mural conservé dans son état d'origine du XIIIe siècle présente la scène de l'assassinat dans la chapelle de Sainte-Marie-aux-Anglais, près du Mesnil-Mauger dans le Calvados. Enfin, dans la chapelle de l'hôpital de Lisieux est conservée la chasuble de Thomas Becket, lequel serait venu à Lisieux pour rechercher du soutien auprès de l'évêque Arnould.

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