De l’autre côté du Lot, rive gauche, un peu au delà de Saint-Martin Labouval, se voit le clocher bas et trapu de Cornus, en la commune de Cénevières.
Ce nom se retrouve ailleurs, et notamment près de Castelnau-Montratier, où il y eut une paroisse Saint-Jean de Cornus.
Ici, l’église est dédiée à Saint Luc ; quelques documents portent à tort Sainte Luce ou Lucie. Le pouillé Dumas a Sainte-Croix, mais dans une bulle de provision du 27 août 1544, on voit donner à Jean Leygue, l’église Saint-Luc de Cornus, par échange avec Géraud Manhe qui devint prieur de Saint-Denys près Figeac. En 1620, Me Jean de Fleurans est curé de Saint-Luc de Cormies (sic) en Quercy (généalogie de cette famille). C’est encore le titulaire de nos jours.
En 1714, le curé était Mr Me Jean Fourez ; en 1746, Jean Fau ; en 1767, Jean Céride, originaire du diocèse de Rodez, transféré à Sainte-Colombe en 1782 ; Joseph Roux le remplace en avril 1783 ; il était aussi originaire du Rouergue et avait été vicaire de Saint-Cirq-la Popie. Mort, il est remplacé par Jean Cérède, recteur de Goujounac, ancien recteur de Sainte-Colombe, qui revient à son premier poste, 13 septembre 1790. Il refusa de prêter serment : il est dit insermenté dans une délibération du conseil cantonal de Limogne, (1er Vend. an VII). Il fut encore curé de Cornus après la Révolution ; il testait le 1er sept. 1808 et vivait encore le 2 mars 1809.
Etienne Phelut, vicaire de Montagnac (Tour de Faure) fut élu curé de Cornus par le corps électoral de Cahors le 22 mars 1791. Il mourait la même année et fut remplacé, semble-t-il, par Vialatte, qui fait le service en 1792-1793.
Cornus était de l’archiprêtré de Cajarc et de la congrégation foraine de Limogne. Cette paroisse fait, avec Cénevières, partie du doyenné de Limogne. Elle était jadis de collation épiscopale.
La Seigneurie de Cornus appartenait à la famille de Gourdon, à la branche qui eut la seigneurie de Cénevières, et resta, jusqu’à la Révolution, possession des propriétaires de Cénevières.
Nous ferons remarquer que le secrétaire du concile de Lavaur, de 1368, qui a rédigé le procès-verbal des travaux du concile et l’acte d’octroi d’indulgences où il écrivit par mégarde Jean, évêque de Cahors, au lieu de Jean, évêque de Carcassonne (Cat, Car), s’appelait de Fabrica (de Lafargue) et était originaire de Cornus.
Nous pensons que Cornus est cette villa de Corn qui fut donnée au XIè (ou XIIè s.) par le vicomte Guillaume (de Saint Cirq) et sa femme Béatrix à l’église de Cahors.
Il y avait avant la Révolution deux communautés : Cénevières et Cornus, dépendant toutes deux de l’élection de Cahors, mais de la sénéchaussée de Montauban, et primitivement de la baylie de Caylus.
Cénevières payait, en 1789, 3031 livres d’impositions, ses charges locales étaient de 66 livres. Cornus payait 2484 livres. Ses charges locales étaient de 75 livres.
Cénevières, en 1735, était composé de 45 maisons (42 chefs de maison et 3 veuves). A cette date, les habitants réclamaient un service paroissial à l’abbé de Marcilhac, ou plutôt au chapitre de l’abbaye de qui dépendait St Martin Labouval. Dans l’un des documents relatifs à cette affaire, on lit ceci : "Si l’on considère la distance qui se trouve entre le lieu de Cénevières et celui de S. Martin, et que d’ailleurs, dans cette distance, il y a une rivière à passer, il est presque impossible de douter un seul moment qu’il y eut autrefois un curé et une église dans le lieu de Cénevières, laquelle, ayant été détruite, par le malheur des temps et des guerres, c’est ce qui donna lieu sans doute à joindre cette paroisse à celle de Saint Martin".
- Arlette Lafon, 05 65 31 24 79