Bienheureux FRÉDÉRIC JANSSOONE
BIENHEUREUX FRÉDÉRIC JANSSOONE
prêtre franciscain (✝ 1916)
Commis voyageur du bon Dieu
Né le 19 novembre 1838 à Ghyvelde, petit village de la Flandre française, près de Dunkerque, au nord de la France, Frédéric Janssoone a grandi dans une famille très chrétienne qu’il a lui-même qualifiée d’« école de sainteté ». Son père et sa mère étaient des cultivateurs à l’aise. Quand son père meurt, Frédéric n’a que 9 ans, et c’est peu après que le garçon s’approche de la sainte communion pour la première fois. Sa mère demeurée veuve jouissait des biens appréciables laissés par son époux. À cause de mauvais placements d’argent, elle tombe dans l’indigence, et Frédéric, le cadet de la famille, doit quitter ses études pour subvenir aux nécessités de sa mère, travaillant comme commis voyageur.
Formation Doué d’une intelligence peu commune, le jeune Frédéric n’a connu que des succès dans ses humanités au Collège de Hazebrouck et au Collège Notre-Dame-des-Dunes. Peu après le décès de sa mère le 5 mai 1861, il se remet aux études. Un jour, grâce à une dame chez qui il pensionnait, Frédéric découvre saint François d’Assise. Aussitôt il en est fasciné. Après deux ans de cheminement vocationnel, il prend la bure chez les Franciscains d’Amiens le 26 juin 1864. Tout au long de sa vie, Frédéric gardera, profondément imprimée dans son âme, la ferveur de cette première étape de sa formation à la vie franciscaine. Ses études théologiques à peine terminées, on devance quelque peu son ordination sacerdotale, qui a lieu le 17 août 1870. Il a 31 ans. Dès sa première année de prêtrise, Frédéric est mis à rude épreuve : on lui confie la pastorale d’un hôpital militaire. Les soldats se plaisent à l’appeler : « Notre bon petit aumônier ». Frédéric ressort enrichi de cette expérience qu’il n’oubliera jamais. Au contact de la souffrance et de l’angoisse humaines, il a appris « la compassion » pour les blessés de la vie.
En Terre Sainte Puis s’ouvre le grand rêve de sa vie : « la Terre Sainte », « le pays de Jésus ». Comment va-t-il se manifester en ce pays où règne une grande pluralité de religions ? Une première tournée de prédications dans les communautés religieuses fait de lui un homme dont la réputation de sainteté commence à poindre. « On chuchotait : il est un saint ! » Conciliateur-né, il codifie les règlements et ententes intervenus au cours des siècles entre les dénominations religieuses ayant des droits acquis dans les basiliques du Saint-Sépulcre et de Bethléem. Cette codification est encore en vigueur aujourd’hui. Pendant son séjour de douze ans à Jérusalem, Frédéric s’initie à la spiritualité du pèlerinage et parvient à reprendre, dans les rues de Jérusalem, la prédication du Chemin de Croix abandonnée depuis trois siècles.
Au Québec C’est cet homme, passionné de Jésus, qui sait rejoindre les coeurs, qui fait son apparition chez nous, au Québec, en 1881 d’abord, pour une première mission, et en 1888 pour y demeurer jusqu’à sa mort. Le peuple canadien a aussitôt vu en lui « un saint » envoyé par Dieu, un messager de Jésus, un apôtre dans le sens paulinien du terme. Si sa mission première était de fonder un Commissariat de Terre Sainte et de visiter les fraternités du Tiers-Ordre de saint François, il n’en demeure pas moins que trois grandes activités ont retenu ses énergies : la prédication, les pèlerinages au Sanctuaire de Cap-de-la-Madeleine, le porte-à-porte dans les familles de quatre diocèses. Annoncer l’Évangile, parler de Jésus Christ, c’est toute la vie de Frédéric. On peut dire que son premier charisme, avant tout, est d’« être évangélisateur ». Peu de villes et de villages du Québec ont été privés de sa parole, sans oublier les États de la Nouvelle-Angleterre. Quant à l’animation des pèlerinages de Cap-de-la-Madeleine, qu’en est-il ? Il est manifeste que Frédéric, au soir du 22 juin 1888, s’est senti fortement interpellé par la Vierge Marie, quand elle a ouvert les yeux et porté son regard sur les trois témoins : Pierre Lacroix, le curé Luc Désilets et le Père Frédéric. Ce dernier, pour sa part, a compris que la Vierge manifestait son assentiment pour que cette petite église de 1714 devienne un sanctuaire marial, et qu’elle l’appelait lui, Frédéric, à être le premier à prendre charge des pèlerinages en ce lieu béni. Ses dons d’organisateur lui permirent de mener à bonne fin sa mission et de faire de ce petit sanctuaire, au début tout à fait inconnu, on lieu de pèlerinage national à la Vierge du Très Saint Rosaire. Il y déploya tout son zèle d’apôtre de Marie pendant quatorze ans. Libéré des pèlerinages depuis l’arrivée des Pères Oblats de Marie-Immaculée le 7 mai 1902, Frédéric se fait « commis voyageur du bon Dieu » pour promouvoir de grandes fondations comme le Sanctuaire de l’Adoration perpétuelle à Québec, le Monastère des Clarisses à Valleyfield, le Monastère du Précieux-Sang à Joliette et la Chapelle SaintAntoine à Trois-Rivières. Frédéric a 65 ans quand il prend la route : il marche jusqu’à dix heures par jour. Maison après maison, il offre un livre pieux qu’il vient d’écrire. Les témoignages sont unanimes. Il apportait réconfort et consolation, guérissant les coeurs brisés et les infirmités physiques.
L’homme de Dieu Cette activité intense n’a jamais freiné sa vie de prière ni sa vie de sacrifice. On le voit partout priant, austère dans sa vie personnelle, pauvre d’une pauvreté extrême. Sa bonté était une bonté toute simple. Il était patient et, dans les difficultés, il restait dans la paix, la sérénité du coeur, parce qu’il se voulait toujours en pleine conformité avec « la volonté du Seigneur ». Le Père Frédéric est mort à l’infirmerie des Franciscains à Montréal, le 4 août 1916, à l’âge de 77 ans. Son corps, transporté à Trois-Rivières, a été inhumé en la Chapelle Saint-Antoine. Tout de suite le peuple, qui a le sens religieux, l’a vénéré comme « un saint » que l’on aime et que l’on invoque. Il a été béatifié par le Pape Jean-Paul II le 25 septembre 1988.
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