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Saint OSCAR ARNULFO ROMERO

Saint Oscar Arnulfo Romero

archevêque de San Salvador (✝ 1980)


Oscar Romero naît en 1919 dans une famille modeste de sept enfants. Dans le Salvador d'alors, treize familles possèdent 40% des terres, l’Église est persécutée et les assassinats fréquents. A 14 ans, Oscar entre au séminaire contre l'avis de son père. Il rejoint à 20 ans le séminaire national de San Salvador, dirigé par les Jésuites. Il sera ordonné prêtre à Rome en 1942. En 1943, il fuit l'Italie fasciste et rentre au Salvador. En 1966, il devient Secrétaire de la Conférence épiscopale de San Salvador.

Oscar Romero apparaît comme un conservateur, souvent sceptique sur les «avancées» de Vatican II, alors que l’Église latino-américaine connaît une crise sans précédent. En effet, en 1967, les évêques d'Amérique latine, réunis à Medellin (Colombie) pour discuter de la mise en œuvre des réformes de Vatican II, ont décidé que désormais la hiérarchie catholique, rompant avec sa position traditionnelle de défenseur du statu quo, défendra le parti des pauvres. Le clergé est divisé. Aussi, lorsqu'Oscar Romero devient archevêque de San Salvador en février 1977, le partie progressiste du clergé salvadorien redoute son opposition aux engagements vis-à-vis des plus pauvres et voit dans cette nomination comme un coup d'arrêt de la part de Paul VI.

Mais le 12 mars 1977, le jésuite Rutilio Grande est assassiné avec deux de ses compagnons par «un escadron de la mort». Cet assassinat bouleverse profondément l'archevêque de San Salvador qui perd en la personne du Père Grande, un ami de longue date. Plus tard, il dira que la mort de Rutilio Grande l'a converti : "Quand je vis Rutilio, étendu mort, j'ai pensé que s'ils l'avaient tué pour ce qu'il avait réalisé, alors moi aussi je devais avancer sur le même chemin." Il s'engage aussitôt à ne plus assister à un acte officiel tant que justice ne sera pas faite. Mais jamais aucune enquête ne sera menée...


Une foi engagée

A partir de cette date, l'archevêque de San Salvador combat ouvertement la pauvreté, l'injustice sociale, la torture et les assassinats. Lui qui fut un pionnier de l'évangélisation sur les ondes dans sa jeunesse, il utilise désormais la radio pour dénoncer l'injustice sociale et les violences faites aux opposants de la Junte.Parlant au nom de tous ceux qui ne pouvaient s'exprimer, il est rapidement reconnu comme «la Voix des sans-voix».

Mgr Oscar Romero pense que la foi chrétienne comporte une dimension politique, et que la raison d'être de l’Église est de se solidariser avec les pauvres. En 1980, à l'occasion de la réception de son doctorat honoraire de l'Université de Louvain, il n'hésite pas à déclarer : "Le monde des pauvres nous apprend que la libération arrivera non seulement quand les pauvres seront les destinataires privilégiés des attentions des gouvernements et de l’Église, mais bien quand ils seront les acteurs et les protagonistes de leur propre lutte et de leur libération en démaquant ainsi la dernière racine des faux paternalismes, même ceux de l’Église."


L'ennemi à abattre

Les dénonciations, les prises de position contre les crimes et la torture infligés quotidiennement par «les escadrons de la mort» et l'armée salvadorienne, font d'Oscar Romero «un dangereux agitateur». Pourtant l'archevêque ne faiblit pas et le 23 mars 1980,à l'occasion d'un sermon dans la Basilique du Sacré-Coeur de San Salvador,Mgr Romero lance un appel aux soldats : "Un soldat n'est pas obligé d'obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu (...) Il est temps d'obéir à votre conscience (...)" Le lendemain, alors qu'il dit la messe dans la chapelle de la Divine-Providence, une balle l'atteint en plein cœur. Il meurt aussitôt. A l'occasion de ses funérailles, où se pressent prêtres et évêques du monde entier, une bombe éclate suivi de des coups de feu dispensant la foule réunie dans la Basilique. Mgr Romero est aussitôt enterré à la hâte dans le transept droit de la Basilique. Les médias pro-junte dénoncèrent une attaque de groupuscules d'extrême-gauche aussitôt dénoncés par un texte, signé par 22 hauts-représentants du clergé présents aux funérailles, affirmant que la bombe et les coups de fusils provenaient du palais présidentiel.


Une béatification compliquée

La décision de béatifier ce prélat de l’Église latino-américain prit beaucoup de temps car la papauté craignait la récupération politique d'un tel évènement. Pour ses adversaires, et l'extrême-gauche de son pays, Mgr Romero fut sans conteste une figure de la théologie de la libération. Le Vatican, pour sa part, préfère souligner la portée spirituelle de ses homélies, le qualifiant «prophète de l'espérance». Ce n'est qu'en 2007, que le pape Benoît XVI se prononce en faveur de la béatification de ce «grand témoin de la foi».

Le pape François, conscient de l'importance d'une telle béatification dans le continent d'où il est issu,s'est personnellement impliqué dans le procès en béatification d'Oscar Romero. Le 8 janvier 2015, la commission des théologiens de la Congrégation des causes des saints, reconnaissait à l'unanimité que l'archevêque de San Salvador avait bien été tué "en haine de foi", selon la formule définissant le martyre.

Evelyne Montigny

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