Mot du père Franz - Du 11 au 26 juin 2022
C’était un soir à Limogne, et pas n’importe quelle soirée ! Cette année, nous avons retrouvé la joie de pouvoir célébrer la veillée pascale dans l’église, avec un horaire adapté à ce que nous demande la Sainte Eglise, à savoir attendre qu’il fasse nuit. C’est vrai que la joie était grande après 2020 où nous avions été sevré de toute célébration et, en 2021, avec l’obligation de la célébrer à 15h à cause du couvre-feu. Comme cela nous semble déjà bien loin !
Et l’assemblée ne s’y était pas trompée : l’église pleine à craquer, nous avons vécu cette liturgie dans le partage et, enfin, sans masque. Parmi les participants à la célébration de la Pâque de Notre Seigneur, une famille de passage avait pris place vers le fond de l’église, car arrivée un peu en retard (de leur aveu, ils s’étaient trompés de lieu, n’étant pas du pays !).
A l’avant dernier rang, avec trois enfants d’une dizaine d’années, ils avaient chacun pu récupérer le petit cierge de procession, qu’ils avaient allumé à la flamme de leurs voisins. Et tout ce beau monde tenait son cierge allumé pendant que la Parole de Dieu était déployée.
Justement, la célébration et les lectures se déroulaient avec un certain déploiement, bien aidées par le jeu d’orgue de Michael et les chants de Michèle. Mais pour les plus jeunes, c’est difficile de tenir l’attention si longtemps, et ils commençaient à manifester quelque impatience en remuant, en bavardant beaucoup.
Le plus grand tentait sans succès de les remettre en silence. Soudain, l’un des trois enfants éteignit son cierge en soufflant dessus. L’un des deux autres approcha alors le sien allumé. Et par un phénomène physique bien connu, que nous avons aussi expérimenté quand nous étions jeunes, le cierge éteint se ralluma… sans qu’il fût nécessaire de rallier alors les deux mèches !
A quelques centimètres de distance, la flamme se transmettait. Si mêmes les cierges veulent garder les gestes barrières ! En tout cas, cela amusa beaucoup les trois jeunes qui répétèrent alors l’expérience avec, à chaque fois, un certain émerveillement.
Une fois la messe terminée, la maman est venue me raconter cette petite histoire, comme pour s’excuser du désordre causé par ses enfants, mais je me fis cette réflexion… La flamme se transmet sans que les mèches se touchent… N’est-ce pas une bien belle image pour transmettre l’espérance dont nous avons tous tant besoin ?
Plutôt que de vouloir tout maîtriser en permanence –et Dieu sait que pour organiser une belle veillée pascale, les équipes cherchent judicieusement à maîtriser le maximum de choses- ne serait-ce pas une interpellation à laisser un espace, un vide, qui laisse la vie faire son œuvre, et au petit courant d’air de s’infiltrer ?
Pour le dire autrement, n’y a-t-il pas une urgence à lâcher prise, à faire confiance, à susciter la liberté sans obliger, à gagner la foi sans l’imposer ? Finalement, à laisser l’Esprit reçu d’une manière nouvelle lors de la Pentecôte souffler là où il veut ?
Dans un contexte local, national et international qui, à bien des égards, nous déséquilibre, ces trois jeunes accueillis dans notre groupement paroissial me remirent en place à leur insu. A ma place, celle du passeur d’espérance.
+Père Franz
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