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Mot du père Franz - Du 18 mars au 02 avril 2023

En ce dimanche de la joie, l’Evangile nous offre une double guérison : guérison corporelle (l’aveugle né est guérit de sa cécité) et spirituelle (cet homme accède à une autre lumière, celle de la foi).

Mais cette double guérison se fait toujours entre ombre et lumière, dans une opposition qui nous dépasse. Là où tout le monde aurait dû rendre grâce pour cette guérison de cet homme connu de tous, pour le chemin de foi qui le conduit à affirmer « je crois, Seigneur », certains s’enfoncent dans les ténèbres. Qui ? Ceux qui « savent », les décideurs de ce qui est juste et bon de croire, les Pharisiens. Pourtant hommes instruits, ils deviennent de plus en plus aveugles.

En méditant sur cet Evangile, un souvenir m’est apparu : celui de sœur Hélène. Qui est sœur Hélène ? C’est une religieuse du Madagascar que nous avions invité il y a quelques années pour partager son expérience, lors du bol de riz habituel, vécue dans l’une des régions les plus pauvres de la planète.

Elle nous avait raconté comment, à 22 ans, sortant de sa brousse, sous la risée des enfants de 10-12 ans de sa classe, elle avait voulu apprendre à lire et à écrire avec la volonté de pouvoir mieux aider les démunis de son pays (d’où sa présence pour récolter quelques sous !).

Mais pourquoi cet Evangile me fait-il penser soudainement à elle ? Parce qu’au cours de la soirée, quelqu’un lui avait posé la question : « en venant pour la première fois en Europe, qu’est-ce qui vous a le plus frappé en arrivant en France ? ». Tous, nous étions sûrs de sa réponse : les routes illuminées, les magasins débordant, le confort ultra-moderne, etc.

Et bien non, rien de tout cela ! Et sa réponse fut spontanée : « l’impression de stress et de tristesse sur tous les visages ». « Dès que je suis sortie de l’avion, continua-t-elle, j’avais l’impression que tous les gens étaient écrasés, comme si chacun avait un lourd fardeau sur le dos. C’est étrange, car vous avez tout pour sourire ! ». Et de conclure : chez nous, tout le monde est pauvre, mais tout le monde sourit.

Nous lui avons demandé si elle avait une explication à nous partager. Sa réponse fut édifiante : « à mon avis, c’est assez simple. Chez nous, chaque personne manque de tout si bien que personne ne peut se suffire à lui-même. Nous avons tous besoin des autres, c’est vital. Et autant pour les choses essentielles et courantes de la vie. Nous avons continuellement besoin d’être dépannés. Le résultat est que notre quotidien est fait naturellement d’entraide et de partage permanent. C’est une condition de survie sinon c’est la mort. Chez nous, il est impossible de se refermer sur soi-même, ce qui fait que tout le monde se connaît, s’estime. On sait ce que chacun peut apporter à la communauté. Je pense que c’est là que se trouve la cause de notre joie : nous ne sommes jamais seuls ! ».

Ces personnes de Madagascar ne sont-elles pas un peu ces aveugles dont l’Evangile nous parle ? Ils ont découvert et vécu la lumière de la joie, la lumière de la foi. Tandis que nous, trop souvent dans l’obscurité de la négativité, forts de notre supériorité technique, économique, nous nous enfonçons dans les ténèbres de la solitude, de l’individualisme, du matérialisme, de l’égoïsme en ayant la nostalgie de la fraternité mais… elle est devenue désincarnée.

Mais rien est impossible à Dieu ! L’invitation de remettre le positif sur l’arbre de vie, cette année, va dans ce sens : retrouver la joie simple de ce qui me rend heureux et découvrir ce chemin de foi, accompagné par le Seigneur, pour retrouver la lumière de la foi, de l’espérance et de la charité.

L’action de grâce, l’humilité et la dépossession ; le lâcher prise et l’abandon –porte de la Providence- ne sont-ils pas les meilleurs remèdes à la désespérance ? Que notre effort positif de Carême rallume en nous la lumière de la vie et nous aide à quitter tous nos aveuglements.

+Franz


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