Mot du père Franz - Du 22 août au 05 septembre 2021
Pour cette 100ème feuille de messe, un peu celle du lancement de la nouvelle année pastorale 2021-2022, j’aimerai mettre au cœur une valeur incarnée, telle que nous y invite l’Apôtre St Jacques (« si quelqu’un prétend avoir la foi sans la mettre en pratique, à quoi cela sert-il ? (…) c’est par mes œuvres que je montrerai la foi » (Jc 2, 14.18) : l’hospitalité, c’est-à-dire l’accueil les uns les autres !
L’hospitalité a bien été mise à rude épreuve depuis l’arrivée de la pandémie. Entre les peurs, les gestes barrières, les couvre-feux, les consignes sanitaires, les confinements et j’en passe, combien il fut difficile de vivre cette hospitalité, même en famille.
Comme un signe fort, reconnaissons que cet été, l’hospitalité fut un des fils rouges. Bien sûr, la période estivale fut lourdes en évènements terribles : tremblement de terre en Haïti, incendies, Covid et variant Delta, prise de l’Afghanistan par les talibans et même jusqu’au décès de notre immortel Jean-Paul Belmondo ! Puis est survenu cet autre drame, l’assassinat du père Olivier Maire, le 09 août dernier. Nous apprenions avec effroi que ce religieux avait été tué par celui-là même qu’il accueillait chez lui en Vendée.
Cette tragédie a provoqué une double stupeur dans l’opinion : choc d’apprendre ce meurtre et surprise plus grande encore de découvrir que l’incendiaire présumé de la cathédrale de Nantes était hébergé dans une communauté religieuse.
C’est cet accueil qui est finalement apparu pour beaucoup comme la chose la plus marquante de l’été… avec la météo ! Je signale la météo car il y a un fait encore plus difficile à comprendre, c’est le mécanisme du changement climatique décrits par le rapport du Giec. Ainsi que les difficultés de saisir les raisons de la méfiance des Antillais avec les vaccins. L’hospitalité apparaît bien éloignée des logiques de pensée actuelle, elle a du mal à entrer dans nos schémas, dans nos calculs bénéfices/risques.
Pourtant, l’hospitalité est non seulement une très ancienne tradition de l’Ancien Testament (depuis Abraham qui accueille les trois messagers divins), tradition monastique, mais aussi l’une des plus fortes valeurs de notre civilisation, comme en témoignent ses références, de la Bible à la Déclaration des Droits de l’homme, d’Homère à la législation sur le droit d’asile.
Alors, malgré tout, dans l’interstice des rudesses du monde, l’hospitalité résiste. Des inconnus ouvrent leur porte à d’autres inconnus, comme en fin d’été, ces habitants du Var qui ont accueilli chez eux, pour une nuit, des vacanciers chassés de leur camping par les flammes. Comme aussi tous ceux qui se mobilisent pour accueillir les Afghans qui ont fui l’arrivée au pouvoir des talibans.
Sans prendre la place du pouvoir politique, dont c’est le rôle et la responsabilité d’en fixer le cadre légal, en gardant en mémoire la célèbre phrase de Michel Rocard « nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », n’oublions pas que l’hospitalité est la marque de notre Humanité. Elle est aussi le signe de davantage encore, comme le souligne la lettre aux Hébreux : « n’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges » (He 13,2).
Belle rentrée à tous et à chacun ! Que cette année nous permette de nous accueillir les uns les autres, dans le respect, l’amitié et la fraternité !
+Franz
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