Mot du père Franz - Du 25 juin au 09 juillet 2023
Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Pas facile non plus d’être prophète tous les jours. Je vous partage cela car il y a une multiplication d’articles dégradants concernant notre pape, comme quoi il brade tout, il pactise avec les ennemis, il s’attaque à l’Eglise de France sans se donner les moyens d’éradiquer cette lèpre des scandales à répétition…
Et pourtant, notre pape figure tout en haut du hit-parade en matière de souffle prophétique. Ce pape venu du bout du monde, comme il s’est présenté lui-même lors de son élection, n’a cessé depuis lors d’appeler l’Eglise à aller vers les « périphéries » (ce que le Christ appelle « les brebis perdues », peut-être), d’exhorter chacun à se convertir pour sauvegarder la planète (notre « maison commune »), de pourfendre l’indifférence à l’égard de tant de pauvres, en particulier les migrants qui se noient par milliers dans la Méditerranée…
Prophète aussi quand il a convoqué il y a quelques tems pour leur demander de combattre concrètement la pédophilie dans l’Eglise. Et de mettre en place des cellules efficaces pour éviter que cela, non seulement se poursuive mais fasse la vérité sur tout ce qu’on a caché depuis tant d’années. Alors… l’accuser de ne pas prendre en main cette lutte, quelle honte !
Mais quand il a refusé en son temps la démission du cardinal Barbarin, puis, depuis stoppé les ordinations à Fréjus-Toulon, influé sur la démission de l’archevêque de Strasbourg, demandé une enquête canonique de Mgr Colomb gravement accusé de gestes déplacés quand il était supérieur des MEP… en France, de plus en plus de voix se sont élevées, marquant un coup d’arrêt dans son parcours prophétique presque sans faute.
Victimes, hommes de la rue, observateurs, la plupart crient leur incompréhension devant ce qui leur semble être une ultime manœuvre visant à protéger l’Institution ou la réputation de l’Eglise. Quant aux catholiques, ils oscillent entre honte, désarroi, mais aussi joie de voir qu’enfin, plus personne en Eglise ne peut jouer l’omerta.
Dur métier que celui du prophète, où l’on perd ses galons plus vite qu’on ne les gagne. Sur le tableau de bord du pape, il est un autre voyant qui requiert une vigilance prophétique maximale. Combattre les extrémistes religieux. A commencer en Eglise où la nouvelle génération de clercs veulent revenir « en arrière », comme si le latin et la soutane allaient définitivement remplir les églises ; si le cléricalisme était la solution pour remettre de l’ordre dans une Eglise en perte de vitesse. Moi, je croyais qu’il fallait juste remettre l’amour, la miséricorde, l’accueil inconditionnel du frère, et arrêter de devenir, en Eglise, une « usine d’exclusions »….
Dieu merci, je ne suis pas un prophète qui cri seul dans le désert, à l’image de Jean-Baptiste, car le pape lui-même a des mots bien plus violents que les miens face à cette nouvelle dérive. Il va même jusqu’à mettre le cléricalisme (viol des consciences du peuple de Dieu) sur le pied d’égalité que… la pédophilie !
Et le pape est de nouveau prophétique. Dans un monde confronté à la tentation du communautarisme, de la dictature des minorités, d’une certaine forme de pensée unique, il tend des mains afin de maintenir des espaces de dialogues et de partages. La menace est loin d’être restreinte, car, face à des groupes comme DAESH ou, chez nous, Civitas pour ne pas les citer, il nous met en garde contre ce qu’il appelle « une 3ème guerre mondiale par morceaux ».
Malgré ses gros soucis de santé, il a programmé une visite en Mongolie alors que le pourcentage de catholiques est minime. Mais c’est une des périphéries, et c’est dans ces pays à minorité catholique qu’il peut rejoindre des responsables d’autres religions. J’ai en mémoire cette visite au Maroc où il avait comme unique feuille de route l’appel à la paix et au dialogue, le même qu’il avait signé aux Emirats-Unis avec l’imam de la mosquée Al-Azhar du Caire (Egypte), la plus haute autorité sunnite. Plutôt que de stigmatiser et de rejeter, rejoindre afin de remettre le dialogue et le partage au centre semble bien plus productif au pape.
Mais combien de voix lui reprochent d’être naïf, d’en faire trop pour l’Islam. Alors, entendons et accueillons sa réponse : « il n’y a pas d’alternative : ou bien nous construirons ensemble l’avenir, ou bien il n’y aura pas de futur ». Notre pape, prophétique encore et toujours !
+Franz
Comentários