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Mot du père Franz - Du 06 août au 04 septembre 2022

« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? ». Rude question en ces derniers temps de vacances, où nous préparons déjà la rentrée. Cette question est redoutable car elle véhicule toute la compréhension du salut reçue par de nombreuses catégories de croyants juifs : nous sommes le peuple élu, donc sauvé. Le Témoins de Jéhovah, de nos jours, précisent qu’il y en a 144.000. Leur porte à porte est destiné à éveiller les quelques sauvés. Si vous ne répondez pas présents, ils ont fait leur rôle et vous faites partis de la majorité qui ne sera pas sauvée…

Dans ces visions, pour être sauvé, il faudrait appartenir au bon groupe, au bon peuple… Rien pour les autres. Nous aussi, nous sommes passés par cette dérive, dans notre passé : hors de baptême, point de salut… Comme si Dieu ne laissait aucune chance à tous les autres personnes pour qui, Jésus, est mort également sur la croix.

On devine la tranquille suffisance des sauvés, et leur jugement parfois dédaigneux vis-à-vis de ceux qui ne le sont pas : ce sont des pécheurs, des méchants, des gens indignes. Et facile ainsi de reprendre en chœur la parole du Christ, injustement détournée : « éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice ».

Sans répondre directement, Jésus ne répond pas sur la question du nombre des sauvés, mais il montre en quoi cette question est biaisée. Tout d’abord pour ses interlocuteurs : comment, eux qui sont les fils d’Abraham, d’Isaac et de tous les prophètes, pourraient-ils rester à la porte du Royaume ? Cette filiation n’est en rien suffisante pour assurer le salut ; encore faut-il « passer par la porte étroite ».

Et là aussi, Jésus semble répondre à côté : si le peuple sauvé doit passer par une porte étroite, normal que cela bouchonne, comme tous les chassés-croisés sur les routes de France ! Mais est-ce qu’un bouchon signifie que toutes les voitures ne passeront pas un jour cette porte des péages ?

En fait, Jésus met en chacun de nous cette porte étroite ! Rappelons-nous de la même image, chez Matthieu : la difficulté pour un chameau d’entrer par le trou d’une aiguille. En plus d’être un grand animal, le chameau porte d’énormes changements.

Si nous sommes pleins de nous-mêmes, et chargés de toutes nos richesses d’ici-bas et de notre orgueil, alors nous ne pourrons pas passer par la porte étroite qui mène au Royaume. Venu nu sur Terre, nous devons arriver les mains vides devant le Seigneur.

Ne cherchons pas à savoir si nous faisons partis du « bon » groupe, mais essayons d’aimer toute notre vie. Et faisons tout pour vivre une « bonne mort ». Comment cela ? Quand j’entends dire « il est mort dans son sommeil, il a eu une belle mort », je n’en suis pas si sûr… Bien sur, pour éviter la souffrance, c’est une bonne chose, mais… qui nous dit que la personne ne continue pas de croire qu’il vit sa mort comme faisant partie de son rêve ?

Oui, il y a beaucoup de distraction au moment de la mort, car le Tentateur sait que c’est son dernier atout pour nous faire « rater » la porte étroite. Combien de gens errent sur terre, sans savoir qu’ils sont morts, combien errent car ils ont raté le moment de l’ouverture de cette porte ou, pire, la porte ne s’est pas ouverte…

La mort est quelque chose de sérieux et surement pas de la magie. Pour être sûr de partir libéré de tout ce qui peut nous alourdir, la seule sécurité est de recevoir le sacrement des malades (ou le viatique). C’est comme si on remettait à la personne au moment de son agonie, les clefs du Paradis.

Ensuite, il faut bien que la personne arrive devant la porte ! Pour cela, il y a une première porte –la fameuse porte étroite- qui ouvre le conduit de lumière nous conduisant devant notre Sauveur. Cette porte est personnelle et elle ne s’ouvre qu’au moment fixé pour chacun d’entre nous. C’est pour cela qu’avancer l’heure de la mort par quelque moyen que ce soit (euthanasie, avortement, suicide, etc.) est un drame, car, au-delà des raisons et sans aucun jugement de ma part –chacun fait ce qu’il peut-, ce départ n’est pas au bon moment… Et nous sommes sûrs que le porte de lumière ne s’est pas ouverte…

Alors que faire ? La seule façon d’ouvrir cette porte est de célébrer une messe pour le défunt. Et comme nous ne sommes pas sûrs qu’il l’ait pris (l’ouverture ne dure que le temps humain de la messe), car les distractions vont bon train de la part du Tentateur qui, s’il ne peut rien contre cette ouverture, essaie jusqu’au dernier moment de nous empêcher de la prendre. En gros, seule notre liberté nous empêche de la prendre, si nous lui avons ouvert cette porte !

La tradition du trentain de messes n’est faite que pour cela : au moins, nous multiplions les ouvertures pour le défunt. Donner des messes pour nos défunts entre dans ce cadre-là !

Mes amis, je vous le dis humblement pour le vivre quotidiennement : si vous connaissez une personne qui a mis fin à ses jours mais qui n’a pas eu la chance d’être passée par l’Eglise, seule une messe pourra le libérer.

Pareils pour les personnes en fin de vie qui ont décidé d’abréger leur souffrance ou pour les bébés qui ne sont pas arrivés à terme… Ce n’est pas pour remplir le compte du curé –j’en célèbre souvent gratuitement-, c’est pour le bonheur de tous et de chacun !

Si nous ne le faisons pas, qui le fera pour ces personnes ? Rien n’est impossible à la miséricorde de Dieu, si nous donnons notre amour afin d’ouvrir les portes de lumière pour chaque personne ! Tout le monde a le droit au bonheur, mais c’est à chacun de nous de prendre soin de ses frères !

+Franz

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