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Mot du père Franz - Du 24 septembre au 09 octobre 2022

Nous retrouvons ce fameux Evangile du pauvre Lazare et du « riche » qui n’a pas de nom, sûrement parce qu’il considère sa fortune comme son unique richesse. Jésus fait allusion à une histoire très connue de ses contemporains que les rabbins racontaient au peuple pour les prévenir que la vie peut conduire à ne plus s’occuper ni de Dieu ni des hommes.

Jésus ne décrit pas le séjour des morts, il reprend simplement l’imagerie traditionnelle de son pays pour mieux se faire comprendre et aller à l’essentiel. Cela n’a donc rien à voir avec une description de l’au-delà, mais concerne la fraternité que nous vivons ou pas ici-bas. Tout est fait pour frapper l’imagination : la torture, la fournaise, la souffrance pour le mauvais riche au séjour des morts. Le but de Jésus n’est pas de faire peur mais plutôt d’insister sur l’urgence de l’action, du service du prochain. Ce sont sûrement des abîmes ici-bas, telles que la pauvreté, les fractures sociales, la solitude, la maladie, le deuil, et tant de souffrances qui coupent tant de nos frères de la vie et qui peuvent conduire au désespoir.

Jésus ne condamne pas la richesse mais invite à méditer sur ce que sont les vraies richesses : celles du cœur ! Le riche a fermé la porte qui l’ouvrait sur l’autre, il a fermé la porte à l’amour et au partage. Il ignorait la soif de Dieu et il s’est aveuglé à longueur de vie. Il n’a même pas vu le besoin qu’il avait de Dieu et de son pardon ; il n’a même pas vu Lazare qui ne réclamait rien, et qui guettait non pas les miettes qui tombaient de la nappe, mais ces morceaux de mie dont on se servait, dans les maisons très riches, pour s’essuyer les doigts et qu’on jetait ensuite sous la table. Si ce riche avait mieux valorisé ses biens, il aurait pu facilement mieux aider, partager, aimer.

Le voilà le grand abîme : il a creusé lui-même, par son aveuglement et son égoïsme, ce fossé infranchissable entre lui et le pauvre qui gisait à sa porte. Il pourrait dire qu’il ne lui a rien fait de mal… Mais il ne lui a rien fait de bien. Il n’a même pas vu que les miettes de son festin auraient pu être « recyclé » en partage afin que Lazare puisse, lui aussi, manger à sa faim.

Et ce grand abîme devient infranchissable dans l’au-delà. Car nous emportons avec nous, uniquement ce que nous avons bâti par nos actes, nos décisions, nos paroles ; ce que notre liberté a choisi de créer.

L’univers n’appartient ni aux riches ni aux pauvres ; nous ne possédons ni le temps ni la vie. Il ne s’agit pas d’être meilleur que les autres, d’être pauvre pour être meilleur chrétien ou d’être riche pour être bon. Non, l’Evangile n’est pas un code de morale, elle est une invitation perpétuelle à essayer d’aimer toujours mieux, à avancer par le cœur dans la fraternité, car nous avons tous le même Père du ciel.

Même si nos défunts revenaient nous parler, passé le premier saisissement, nous retomberions dans notre quotidien. Pourquoi ? Parce que la parole d’un défunt resterait une parole humaine. Et si la Parole de Dieu ne change pas notre cœur, comment une simple parole d’homme peut y arriver ? La foi ne naît pas d’un miracle, aussi spectaculaire soit-il. La foi naît d’une rencontre personnelle avec Jésus, elle doit être nourrie par une vie de prières et de partage, elle grandit avec chaque élan d’amour, elle progresse par l’écoute de la Parole de Dieu. La foi est donc un vrai chemin de vie !

Le Christ nous invite donc à un changement d’attitude. Le don de soi peut devenir le signe, sinon l’occasion, de la vraie richesse. Un chemin de tendresse et de vie nous est proposé. Eviter ce chemin, c’est risquer de s’enliser dans la mort. Dieu, au contraire, nous fait confiance : il nous appelle à construire son Règne d’Amour dès ici-bas.

Alors… Au travail !

+Franz


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