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4ème ARTICLE

Avant la 1ère partie de la lettre (1, 15-3,21), il y a l’ouverture. Nous allons commencer l’étude de la bénédiction (1, 3-14). 3 Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans les cieux, il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus-Christ. 4 En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. 5 Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance 6 à la louange de sa gloire, de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé, 7 qui nous obtient par son sang la rédemption, le pardon de nos fautes. Elle est inépuisable la grâce 8 par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence 9 en nous dévoilant le mystère de sa volonté, de ce qu’il prévoyait dans le Christ pour le moment où les temps seraient accomplis ; dans sa bienveillance, 10 il projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ. 11 En lui, Dieu nous a d’avance destinés à devenir son peuple ; car lui, qui réalise tout ce qu’il a décidé, 12 il a voulu que nous soyons ceux qui d’avance avaient espéré dans le Christ, à la louange de sa gloire. 13 Dans le Christ, vous aussi, vous avez écouté la parole de vérité, la Bonne Nouvelle de votre salut ; en lui, devenus des croyants, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit que Dieu avait promis. 14 C’est la première avance qu’il nous a faite sur l’héritage dont nous prendrons possession au jour de la délivrance finale, à la louange de sa gloire.

Ces versets constituent une bénédiction semblable à celles que l’on trouve dans l’Ancien Testament : Gn 14, 19-20 : « Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains ». Ou Ex 18,10 : « Béni soit le Seigneur qui vous a délivrés de la main des Égyptiens et de la main de Pharaon ! Béni soit le Seigneur qui a délivré le peuple de la main des Égyptiens ! ».

Dieu est loué pour tels ou tels dons reçus. Ici, Dieu est béni pour avoir répandu sur tous, sans exception, Juifs et Nations, la totalité de ses bienfaits, de manière excellente et définitive : merci, Seigneur, de nous donner gratuitement, par amour, les promesses du bonheur éternel pour tous et chacun !

Le mouvement général du texte est suggéré par le sujet des verbes : Dieu est sujet de tous les verbes d’action, jusqu’au verset 10 (« il projetait de saisir… »), à l’exception d’un seul verbe (« obtient », littéralement « nous avons vu », au verset 7). A partir du verset 11, les sujets deviennent « nous » et « vous ». Cette remarque indique une double division : une partie où les actions sont vues du côté de Dieu (à une exception près) –versets 3 à 10 ; et l’autre où tout est vu du côté de l’humanité représentée par les pronoms « nous » et « vous ».

Ce mois-ci, voyons le côté de Dieu (et en janvier, nous verrons le côté humain). La première partie comporte trois aspects. Au centre est situé l’évènement de la Rédemption (le salut) –versets 7 et 9-, abordé du point de vue de l’humanité et du bénéfice qu’elle reçoit. De part et d’autre de cet évènement apparaît ce que Dieu a fait au commencement (v. 3-6) et ce qu’il fera au terme dans le Bien-Aimé (v. 9-10).

On a ainsi :

v. 3-6 : œuvre de salut de Dieu au commencement v. 7-8 : le Rédemption par le Fils de Dieu v. 9-10 : œuvre de Dieu à la fin de l’histoire. L’œuvre de salut de Dieu : v 1, 3-6 : Election et filiation v3 : Dieu, le Père de Jésus-Christ, nous a bénis aux cieux en Christ !

Ainsi notre identité vient de la relation que le Père établit avec nous. Notre « lieu », notre être profond, ce sont les cieux, et non la Terre comme nous sommes tentés de le croire si nous nous en tenons à l’image d’Adam le terrestre.

Le Christ le dit lui-même : « mon Royaume n’est pas de ce monde ». Ceux qui croient établir le Royaume sur terre se trompe. Le fameux « levain dans la pâte » n’a de sens qu’en nous rappelant que tout sera récapitulé en Christ et que « de terre, il n’y en aura plus ». Il s’agissait de préparer –voire d’accélérer si c’est possible- la venue du Fils de l’Homme en façonnant des cœurs aptes à Le recevoir ; et non devenir une lutte des classes comme parfois ça a pu dériver.

Nous sommes dans le « lieu » du Christ « dès avant le commencement du monde », et c’est dans ce lieu que nous sommes maintenant, car rien n’est en dehors de Dieu. Mais après la chute et la perte du Paradis Terrestre (Eden), Dieu a envoyé son Fils afin que ce « lieu » devienne le Christ lui-même, « par qui tout a été fait » (Ep 2,6 : « Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus ».

Or, le choix de Dieu, c’est-à-dire son élection, est orienté vers un but : v. 4 : « être sous son regard saints et irréprochables, dans l’amour ». Ce que depuis toujours nous sommes pour Dieu dans le Fils, nous le comprenons : non seulement nous sommes accueillis en lui, mais bénis dans cet amour pour être sous son regard, en sa présence, devant sa face.

Notre existence est caractérisée par notre origine qui détermine notre identité ! Nous découvrons alors un Dieu qui est infiniment présent à notre Humanité, dans tous les pores et strates de nos vies. Il n’y a pas de lieu humain intérieur où Dieu ne soit ; même les pires bas-fonds : « il est descendu aux enfers » ! La sainteté et la perfection à laquelle nous sommes conviés sont des dons de Dieu, pas des vertus à rechercher par nous-mêmes. La sainteté et la perfection –attributs divins- nous sont donnés par ce rapport de communion avec le Père (qui est saint) et le Fils (irréprochable dans son obéissance).

Notre élection est la définition de l’amour qui est en Dieu : il s’agit donc d’une disposition antérieure à l’acte de la création, dans laquelle se trouve le choix de Dieu et par laquelle s’explique la Création : nous sommes créés, tout est créé par amour ! Parce qu’il nous aime, Dieu décide (v. 5) en toute liberté, de nous faire ce cadeau inestimable et que nous ne pourrons jamais perdre, car « les dons de Dieu sont sans repentance » : la vie, mais pas n’importe laquelle ! Une vie destinée à partager ce qu’Il est, afin que nous soyons, à la louange de sa gloire. Ce choix n’est autre que notre adoption divine : nous sommes de la famille-même de Dieu ! Enfants de la Terre, nous devenons Fils et Filles de Dieu par notre baptême en Jésus-Christ Mort et Ressuscité ! Nous sommes appelés vivre éternellement, à la mesure même de Dieu, puisque nous « revêtirons le Christ », par ce dessein bienveillant, cet acte de pure gratuité de l’Amour de Dieu qui nous veut à l’image de son Fils et nous destine à sa louange. Nous sommes aimés du même amour dont est aimé le Fils (v. 4). Essayez de méditer la profondeur de ce que je viens d’écrire… !!!

En plus, la filiation n’est pas dépendante de la Rédemption, contrairement à ce que l’on croit d’ordinaire. Nous ne pouvons pas perdre notre statut de Fils et Fille de Dieu. La Rédemption dépend de l’état de nos cœurs, que le péché tente d’alourdir afin de ne pas pouvoir monter au ciel. L’âme est comme une montgolfière : si elle est trop lestée de choses non lumineuses, elle a du mal à monter et peut rester clouée au sol. Mais elle reste montgolfière ! Le péché devient le refus de la filiation et non la cause de la filiation. Nous ne sommes pas fils et fille parce que nous ne pêchons pas, mais par pur amour de Dieu. Indépendamment du fait d’être pêcheurs, nous avons été choisi (élection) pour être fils, et c’est parce que le Christ est le Fils que nous sommes nous-mêmes fils et fille adoptifs.

La Rédemption : v. 7-8

Dans la continuité de tout ce que St Paul affirme dans ses lettres, le Christ, tel qu’il apparaît dans la bénédiction, est bien celui de la Rédemption. Ce rappel de la Rédemption obtenue par le sang du Christ nous situe à l’intérieur d’une famille et d’une histoire. D’une famille, car en étant baptisé dans la mort (le sang) du Christ, son sang est devenu le nôtre ; et ce qui fait de nous des membres d’une même famille, c’est d’avoir le même ADN qui coule dans nos veines, dans le sang. Nous sommes pour toujours de l’ADN spirituel même du Christ !

Dans une histoire aussi, notre histoire : la Rédemption est considérée de notre côté ; « nous avons ». Le verbe « avoir » nous place du côté de l’existence et non du côté de l’identité. Nous « avons la Rédemption » (v.7), tandis que « nous sommes saints et irréprochables ». Différence entre « être » et « avoir ». Nous avons la Vie du Père en Christ, et nous recevons l’Etre du Christ, afin de pouvoir vivre cette vie divine. Un peu comme sur terre, notre âme (vivante) a reçu « une tunique de peau » (le corps) pour pouvoir vivre sans trop de souci avec les lois de l’univers (lois des atomes, attraction terrestre, etc.).

Quand nous disons : « nous sommes le Corps du Christ », cela signifie qu’au ciel, notre âme (vivante) recevra le seul Corps capable de pouvoir vivre à la mesure infinie de Dieu. Et le seul Corps qui y arrive, c’est celui de Jésus-Christ qui s’est Incarné (pour nous incorporer) et qui est Ressuscité (pour devenir « passage-Pâques » entre la vie terrestre limitée et finie, et la vie céleste infinie et illimitée. Il est le Chemin mais aussi le Corps qui nous réceptionnera !).

Le Christ n’est pas réduit à une seule fonction (la Rédemption), St Paul la place entre l’élection et la récapitulation, sans les englober. Elle constitue dans l’histoire, un point de départ qui ouvre sur des perspectives insoupçonnées.

La bénédiction nous place devant le dessein de Dieu, jusque-là inaccessible mais désormais –depuis Noël !- révélé, incarné et offert pour chacun ! Noël devient le point excellent pour expérimenter l’amour dont nous sommes aimés et dans lequel nous sommes choisis !

Récapitulation (v. 9-10) :

Le Christ est le récapitulateur d’un dessin qui ne se limite pas à l’humanité, mais englobe la totalité du créé. Les versets 9-10 constituent le sommet de l’action de Dieu qui confère la primauté absolue au Christ. Celui-ci est au-dessus de tout et tient tout. Il « réunit tout sous un seul Chef » (ou littéralement : « il récapitule toutes choses, qui est au ciel et ce qui est sur la terre ») : l’humanité, les animaux, les végétaux, le cosmos tout entier.

Le Christ est le principe d’unité de toutes choses. C’est pourquoi il est dit « récapitulateur ». Le parallèle suggéré par la structure situe les deux infinitifs « être » et « récapitulé » sur un même plan, signifiant que la personne humaine est pris dans un projet créateur où l’univers lui est donné.

Le Christ apparaît comme la clef de voûte de la Création, au sens où l’origine et la fin sont intégrées en lui (« je SUIS l’Alpha et l’Omega »).

Une telle perspective est éternellement inscrite en Dieu puisque l’auteur rappelle que « Dieu projetait de saisir l’univers entier », mais Dieu n’intervient pas pour récapituler –dans le sens de « réparer »- une fracture qui serait survenue au sein de Sa Création. Le Christ tient tout en lui, et cela appartient au dessein éternel du Père.

Celui qui nous a sauvés par son sang est celui dans lequel, dès avant la création du monde, le Père nous a choisis pour être ses fils et filles. Il est aussi celui qui récapitule toutes choses !

+Franz

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