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5ème ARTICLE

Avant la 1ère partie de la lettre (1, 15-3,21), il y a l’ouverture. En novembre 2018, nous avons vu l’adresse (1, 1-2). En décembre, nous avons commencé l’étude de la bénédiction (1, 3-14) du côté de Dieu (les versets 3 à 10). Voyons la suite : les versets 11 à 14). Voici le texte : 11 En lui, Dieu nous a d’avance destinés à devenir son peuple ; car lui, qui réalise tout ce qu’il a décidé, 12 il a voulu que nous soyons ceux qui d’avance avaient espéré dans le Christ, à la louange de sa gloire. 13 Dans le Christ, vous aussi, vous avez écouté la parole de vérité, la Bonne Nouvelle de votre salut ; en lui, devenus des croyants, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit que Dieu avait promis, 14 c’est la première avance qu’il nous a faite sur l’héritage dont nous prendrons possession au jour de la délivrance finale, à la louange de sa gloire. Si la première partie parle de l’œuvre de Rédemption de Dieu en son Fils Jésus-Christ, la seconde partie (celle que nous abordons ce mois-ci) ne s’inscrit pas en rupture avec la précédente puisque le pronom relatif assure la transition : « en lui » (v. 11-13). Elle décrit deux modalités de l’élection dans l’histoire, selon les deux groupes qui représentent l’humanité : les Juifs (nous) et toutes les Nations de la Terre (vous).

LE CHRIST ET l’EGLISE (v. 11-14) Nous avons une grande ampleur : le Christ comme unité et continuité. C’est le Christ, et lui seul, qui fait l’unité et le lien des deux parties de la bénédiction, puisqu’il apparaît comme celui qui révèle non seulement l’identité personnelle de chacun mais aussi celle du groupe des croyants. Le groupe des croyants –qui n’est pas appelé « Eglise », ici- est composé de chrétiens provenant du Judaïsme et du Paganisme. Pour parler des deux composantes de ce groupe, Paul n’emploie jamais le mot « Israël » ou « peuple choisi » ; pas plus qu’il n’emploie, pour désigner les pagano-chrétiens, les mots de « païens » ou « Nations ». C’est uniquement à travers le jeu des pronoms (nous et vous) qu’il distingue non pas deux groupes séparés, mais deux modalités unies.

Première modalité (11-12) : 11 En lui, Dieu nous a d’avance destinés à devenir son peuple ; car lui, qui réalise tout ce qu’il a décidé, 12 il a voulu que nous soyons ceux qui d’avance avaient espéré dans le Christ, à la louange de sa gloire.

Les Judéo-chrétiens sont le lot de Dieu ; ils ont été choisis parmi les Nations de la Terre depuis Abraham, pour être la « part de Dieu ». L’élection d’Israël, comme la Création, relève du libre choix souverain de Dieu. C’est le même terme « destiner d’avance » (v. 5 et V 11) qui est utilisé dans les deux cas, montrant l’unité et la cohérence de l’agir de Dieu et rappelant que ce choix fait partie de l’élection. Dieu, en créant éternellement par amour, révèle cet amour, historiquement, dans le choix d’un peuple.

Un tel choix n’introduit pas une ségrégation au sein des peuples de la Terre, bien au contraire, mais révèle la libre initiative de Dieu qui choisit ce peuple pour être la vitrine d’amour du Bon Dieu, la figure de tous les autres puisqu’en lui sont bénis toutes les Nations (Gn 12, 1-9). L’histoire et la création (en tant que résultat) sont les deux aspects de l’unique projet de Dieu dans le Christ : être (v. 4, repris au v. 12) pour la louange de Dieu (v. 12). Les Judéo-chrétiens sont issus de ce peuple choisi. Ils sont « ceux qui ont espéré ». Par avance, l’attitude du peuple croyant a été une attitude d’espérance dans le Christ, le Messie. Parce qu’ils ont espéré dans le Christ, ils ont reçu l’héritage promis.

Seconde modalité : V. 13. 13 Dans le Christ, vous aussi, vous avez écouté la parole de vérité, la Bonne Nouvelle de votre salut ; en lui, devenus des croyants, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit que Dieu avait promis, Le lien entre les deux modalités est un lien exclusivement christologique (répétition de « en lui »). Les Nations, jadis étrangères à la promesse (Ep 2, 12 : « en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu »), sont maintenant marquées du sceau de la promesse. Ceci advient après un évènement –celui de l’écoute de la Parole, l’écoute de la Bonne Nouvelle (Evangile), et après une adhésion : « devenus croyants ». Pour croire, il faut entendre et adhérer librement par sa volonté. L’Evangile est à la fois Bonne Nouvelle de salut et parole de vérité. S’il est question de « salut », il est d’abord question de « révélation ». Les Nations découvrent le Christ par l’annonce de la Parole qui leur est faite, sans qu’elles aient été préparées à l’entendre. C’est cela l’inouï du dessein de Dieu, l’action de l’Esprit Saint : même les nations sont marquées du sceau de la promesse du bonheur pour tous ! Alors que jadis, elles en étaient exclues !

Les deux modalités se correspondent donc sans se contredire. Là où les Judéo-chrétiens reçoivent l’héritage qui trouve son accomplissement dans le Christ, les Nations sont marquées du sceau de la promesse par l’accueil qu’elles font à la Parole qui leur est annoncée. Les deux se rejoignent ainsi dans l’écoute d’une parole. Ainsi, même si le chemin est historiquement différent, le terme est identique : pour les uns, c’est la découverte que cette parole contenue dans l’Ancien Testament annonce le Christ ; pour les autres, c’est la découverte que le Christ, contenu dans la Bonne Nouvelle universelle, leur apporte le salut et leur révèle qu’eux aussi sont appelés à être fils et fille depuis le commencement du monde. Car Dieu ne fait pas de différence entre les personnes : nous sommes membres de la même famille humaine, et donc, en Christ, de la même famille de Dieu ! D’où la valeur centrale de la fraternité, relations entre frères ! Pour les uns comme pour les autres, c’est la connaissance du Christ qui est fondamentale et provoque une relecture de notre propre histoire. Pour les Judéo-chrétiens, la marque de leur appartenance au peuple choisi était la circoncision, dont on ne parle pas explicitement ici. Elle est suggérée par cette autre marque, celle du sceau de l’Esprit, qui caractérise les seconds. Cette marque de feu est invisible et ne fait pas de différences entre les personnes. elle est l’autre nom de la circoncision des cœurs ! Cette marque n’est plus la différence entre les humains du peuple élu et les autres humains ; elle ne divise plus mais elle unifie l’humanité (Ep 2, 11-22) selon que l’Esprit l’avait promis, conformément à la révélation même du dessein universel de Dieu dans le Christ. Le groupe uni des croyants : v. 14. 14 c’est la première avance qu’il nous a faite sur l’héritage dont nous prendrons possession au jour de la délivrance finale, à la louange de sa gloire.

Le verset 14 englobe les deux modalités, puisqu’il y a un passage au « nous », qui rejoint le « nous » initial, mais enrichi par le « vous ». Il y a distinction, dans l’histoire, entre les deux modalités de l’élection, mais il n’y a pas deux voies de salut, comme s’il y avait une voie de salut pour les Juifs et une autre pour les Nations. Non, la structure du texte est claire : le parallélisme interdit toute opposition, et la situation du dernier verset 14 présente une sorte de synthèse.

Le groupe des croyants se définit uniquement dans sa relation au Christ et non en fonction de sa provenance. Le Christ, lui-même et lui seul, est l’auteur de l’unité (on le voit avec la répétition, trois fois (qui rappelle la Trinité !) de « en lui » et une fois (Dieu est UN) « dans le Christ »). Le groupe des croyants n’est rien sans lui. Il n’a de consistance qu’en Lui.

S’il est encore question de la Rédemption, c’est en fonction de l’Esprit. Notre filiation, en effet, ne va pas de soi : nous ne pouvons entrer dans les arrhes de l’héritage, sans être arrachés à ce qui peut nous empêcher de le recevoir ! La dernière mention de la louange (v. 14) n’est pas un simple refrain qui se contenterait de reprendre les mentions précédentes. Ce qui est dit, dans la 1ère partie, de toute l’humanité (« être à la louange de gloire de sa grâce ») vaut également pour l’Eglise. L’Eglise a besoin du sceau de l’Esprit pour accéder à cette connaissance et comprendre qu’elle est tout entière, sans exception ni différence entre les personnes, destinée à être à la louange de la gloire de Celui qui la porte. L’Esprit qui est à l’origine (v. 3 : « nous avons été comblés de bénédiction spirituelle ») se retrouve au terme (v. 13 : « la louange de sa gloire »). +Franz

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