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Dans l’histoire 2ième partie

Les rapports entre le baptême et la confirmation ont été très souvent discutés, notamment par les théologiens anglicans depuis le 19ème S. Certains ont critiqué le fait qu’on ait minimisé l’importance du baptême au profit du don de l’Esprit Saint reçu à la Confirmation. Le mois dernier, nous avons vu les quatre premiers siècles. A partir du 5ème S, les termes vont alors se préciser. Voyons comment le Sacrement de Confirmation a été appréhendé dès le Moyen-Age. Terminologie Le vocabulaire de la « confirmatio », pour désigner l’intervention de l’évêque après le rite d’eau, apparaît en Gaule au milieu du 5ème S. La première mention se trouve dans les canons 3-4 du Concile de Riez (en 439). Les termes perficere, perfectio, confirmare, confirmatio expriment la conviction que le rite de confirmation vient ajouter au baptême une sorte de perfection… Tout ce qu’exprime le mot, c’est le sentiment que la confirmation est le complément du baptême. C’est ainsi que ces termes passeront dans les livres liturgiques à partir du 8ème S. Dissociation croissante du baptême et de la confirmation. La situation nouvelle créée à la fin de l’Antiquité se trouve bien exprimée dans l’homélie de Pentecôte prononcée par un évêque du sud de la Gaule, probablement St Fauste de Riez (entre 460 et 470). Il rapporte en ces termes la question de ses auditeurs : « après le mystère du baptême, à quoi peut me servir le ministère de celui qui va me confirmer ? ». Sa réponse s’appuie sur une comparaison militaire : le soldat, après avoir été inscrit dans l’armée, doit être équipé pour le combat. Ainsi : « l’Esprit Saint au baptême donne la plénitude quant à l’innocence, et à la confirmation, un accroissement quant à la grâce (…). Dans le baptême, nous sommes lavés, après le baptême, nous sommes fortifiés ». Cette homélie va donc dans le sens d’une justification théologique de la pratique récemment instaurée. Elle tend à reconnaître la distinction du baptême et de la confirmation en leur attribuant des effets spécifiques. Elle aura dans l’histoire un succès inattendu, puisque les Fausses décrétales du 9ème S l’attribueront à un pape du 4ème S. Elle passera ensuite dans le Décret de Gratien. Les théologiens la recevront alors comme une autorité papale du 4ème S. Durant le haut Moyen-âge, dans les villes épiscopales, l’initiation chrétienne continue à être célébrée à Pâques par l’évêque ; la confirmation a souvent lieu huit jours après. Dans les campagnes, le prêtre baptise et eucharistie (sous l’espèce du vin) : le rapport à Pâques disparaît au profit d’une relation à la naissance. On insiste pour que les parents ne négligent pas de présenter leurs enfants à l’évêque pour la confirmation, lors de son prochain passage… s’il a lieu ! Le rituel de la confirmation n’est guère développé ; de pastorale, il n’y en a pas. On ne trouve à l’époque aucun essai de justifier le report de la confirmation. On a le sentiment que ce qui a commencé à s’instaurer comme une exception est lentement devenue la règle. Ainsi, Alcuin, un grand érudit formé à la lecture des Pères de l’Eglise, en vient-il à citer sans sourciller, les sacrements dans l’ordre : baptême-eucharistie-confirmation. Au 12ème S, la pratique du baptême en premier est acquise. La confirmation a lieu lors du passage de l’évêque, et l’eucharistie est reportée à l’âge de raison. On retrouve donc la séquence de l’Antiquité chrétienne, mais les rites, considérés comme trois des sacrements du septénaire (en 1150), sont devenus autonomes. C’est sur ces bases que les théologiens scolastiques vont faire la théologie de la confirmation. Avec des formules qui remontent à Fauste, ils précisent que la grâce spécifique de la confirmation est le don de l’Esprit Saint ; comme le baptême, elle confère un caractère, qui députe au combat spirituel. Si la matière du baptême, c’est l’eau, celle de la confirmation est l’huile sainte bénie par l’évêque. Et sa forme est la formule : « je te confirme »… (selon les écrits de St Thomas d’Aquin). La Réforme et les temps modernes. La critique principale des réformateurs à l’égard de la confirmation, est le manque de fondement biblique. Ils ne lui reconnaissent donc pas la valeur sacramentelle, quitte à la conserver comme cérémonie ecclésiastique. Certains la considèrent comme un sacrement, dont on ajoute toutefois que le sens est celui d’une profession de foi à la fin de l’enseignement catéchétique. Cette nouveauté reçue par les Luthériens et les Anglicans vont avoir une influence considérable. Quant à Calvin, il supprime carrément la confirmation ! Le Concile de Trente réaffirmera la valeur sacramentelle de la confirmation dont l’évêque est ministre ordinaire. Le Catéchisme de Trente indique : « il ne convient pas d’administrer ce sacrement à ceux qui n’ont pas encore l’usage de la raison ; et si l’on ne croit pas nécessaire d’attendre l’âge de douze ans, du moins est-il convenable de ne pas l’administrer avant l’âge de sept ans » (Chapitre 17, §4). Au 18ème S, les Eglises Réformées, sous l’inspiration du pasteur suisse Ostervald, réintroduisent une confirmation, comprise comme adhésion personnelle du baptisé à ce que ses parents avaient demandé pour lui ; la liturgie genevoise de 1945 l’appelle « le complément normal (et comme la seconde moitié) du baptême des enfants ». Le fait paraît très significatif de la modernité : après la Renaissance, sous le règne de la subjectivité, le baptême des petits enfants semble culturellement inconcevable sans une possibilité de reprise personnelle ultérieure. On fera alors jouer ce rôle à la confirmation. Dans le Catholicisme, on assiste à cette époque, au nord des Alpes, à un report constant de l’âge de la confirmation. C’est ce qui explique que dans ces pays, le décret de Pie X sur la Première Communion des enfants dès 6-7 ans (en 1910) ait inversé officiellement l’ordre de succession des sacrements, alors que celui-ci restait intact dans les pays méditerranéens. Nous arrivons donc au Concile Vatican II qui va lancer un renouveau de la vision du sacrement de la Confirmation, même s’il ne contient pas de présentation renouvelée de ce sacrement. Nous verrons donc cette ouverture le mois prochain.

+Franz

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