Le rite baptismal
A travers l’étude de ses différentes composantes, on va essayer de comprendre ce que ce rite signifie et réalise. Il faut faire attention de ne pas chosifier le baptême. En fait, il y a le rite essentiel, et les rites dits « annexes » ou « péri-baptismaux ». Au vue du nombre important des signes, il est important de savoir ce qui est le cœur du baptême ! Partons de la Parole de Dieu : St Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, (Ep 5.26), nous dit : « afin de le sanctifier en le purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ». ainsi, depuis le début du Christianisme, le rite essentiel est le moment où on verse l’eau, car la personne est baptisée au moment où elle reçoit pour la troisième fois l’eau sur le front, geste associé à une parole (« je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit »). Il y a donc trois éléments : un geste (le bain), un élément (l’eau) et une parole. Ceci est d’ailleurs caractéristique du Christ dans sa vie : il pose des gestes et des paroles. Pour un sacrement, il faut toujours l’association d’un geste et d’une parole. En effet, ce n’est pas l’eau en elle-même, aussi bénite soit-elle qui baptise ! Un non baptisé qui se signe de cette eau, ne sera pas baptisé ! Mais en même temps, il faut ce support essentiel qu’est l’eau, sinon le baptême ne fonctionne pas ! On ne peut pas remplacer l’eau par du jus de fruit : c’est l’Ecriture qui fonde l’obligation d’avoir ce support qu’est l’eau.
Comment faut-il utiliser cette eau ?
On a trois possibilités : l’immersion, l’infusion (verser de l’eau sur la tête) ou l’aspersion (jeter de l’eau à distance). Historiquement, l’immersion était la pratique normale, même si les deux autres formes existent depuis le départ. En effet, un texte de 100 après JC mentionne ces trois différentes formes. Ce qui compte, c’est qu’il y ait un triple geste (pour être baptisé dans la Trinité, selon la demande même de Jésus : « baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Toutefois, même si de nos jours cela semble compliqué, la Tradition de l’Eglise est claire : l’immersion est le geste le plus complet car il signifie de façon plus expressive l’ensevelissement dans la mort et la Résurrection du Christ, et il s’enracine dans la tradition commune de l’Eglise. Mais le baptême par immersion pose des problèmes pratiques, notamment pour les adultes, si bien qu’on a recours aux baptêmes par infusion surtout pour les adultes. En tout cas, le geste de l’immersion parle beaucoup plus : réalisme du signe. Au nom du réalisme sacramentel et du retour aux sources de Vatican II, on constate un certain renouveau du baptême par immersion. Pour le baptême par infusion, il a toujours été pratiqué dans l’Eglise latine pour des raisons pratiques. L’usage du baptême par infusion se généralise dès le Concile de Trente (rituel de Paul V le prévoit). Et l’infusion est parfaitement valide. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique, dans son article 1239 dit ceci : « le baptême est accompli de la façon la plus significative par la triple immersion dans l’eau baptismale. Mais depuis l’Antiquité, il peut aussi être conféré en versant par trois fois l’eau sur la tête du candidat ». On constate que le Catéchisme ne parle pas du baptême par aspersion ! En effet, dans l’histoire de l’Eglise, s’il a été admis quelques temps, aujourd’hui il n’est plus reconnu valide. St François Xavier était connu pour avoir baptisé à la « lance à incendie », tant il y avait de personnes qui le demandaient en Inde. Mais cette manière est désormais interdite ! La prière de consécration de l’eau est arrivée vers le 3ème S (Hippolyte de Rome disait : « on priera d’abord sur l’eau »), puis cela a été précisé au fil des siècles : prière d’exorcisme et de sanctification de l’eau : exorcisme (pour purifier l’eau) et sanctification (en faire un instrument divin). Catéchisme de l’Eglise Catholique 1238 : « L’eau baptismale est alors consacrée par une prière d’épiclèse (soit au moment même, soit dans la nuit pascale). L’Eglise demande à Dieu que, par son Fils, la puissance du Saint-Esprit descende dans cette eau, afin que ceux qui y seront baptisés "naissent de l’eau et de l’Esprit" ». Quant aux paroles, on sait que depuis le départ, le baptême se fait par cette formule trinitaire, car cela vient des paroles du Christ lui-même (finale de Matthieu). Il n’y a aucun problème. Il faut juste retenir : Pour qu’il y ait baptême, il faut de l’eau versée sur la tête avec la formule trinitaire.
A ce rite essentiel, se rajoutent des rites péri baptismaux : La prière d’exorcisme et de délivrance : en lien à la litanie des saints, qui vient prier pour le nouveau baptisé, nous trouvons ce rite préparatoire, car le baptême signifie entre autre la délivrance du péché et le rejet de Satan. Trop souvent, on omet ce rite de peur de choquer, mais tout rite a un sens profond… Il y a une invocation du ministre sur le baptisé pour qu’il soit libéré de Satan et du péché. Le geste est celui d’une onction sur le front ou la poitrine avec l’huile des catéchumènes (et non le St Chrême), ou imposition des mains. Le plus souvent, on fait l’imposition des mains, et c’est un geste qui me bouleverse à chaque fois, car quelque soit la famille ou l’enfant, il y a toujours un tel silence habité… On sent qu’il se passe quelque chose dans l’invisible de nos vies. On peut aussi reprendre le rite de l’Ephrata (Mc 7, 32-35). Une croix sur la bouche et les oreilles, comme le Christ a fait pour signifier que sa bouche et ses oreilles ne sont plus closes par les forces du Mal et du péché à la Parole de Dieu. La proclamation de la foi : essentielle car c’est la foi qui sauve et on est baptisé dans la foi de l’Eglise !
Ensuite, après le baptême lui-même, on a les rites post baptismaux : juste après le versement (ou l’immersion) d’eau, on a l’onction d’huile sainte. Voilà une autre huile consacrée lors de la Messe Chrismale. On fait une onction avec une parole posée. Son sens : elle signifie le don de l’Esprit Saint. On a gardé ce rite car il annonce la Confirmation. Et on peut même dire que c’est la 1ère phase de la confirmation qui est ainsi entamée à ce moment. CEC 1241 : « L’onction du saint-chrême, huile parfumée consacrée par l’évêque, signifie le don de l’Esprit Saint au nouveau baptisé. Il est devenu un chrétien, c’est-à-dire "oint" de l’Esprit Saint, incorporé au Christ, qui est oint prêtre, prophète et roi ». Le vêtement blanc et le cierge de baptême : deux rites post baptismaux qui associent l’un et l’autre le geste et la parole : Vêtement : le baptisé a revêtu le Christ (Ga 3, 27), Le cierge : allumé au cierge pascal, il signifie que les baptisés sont la lumière du monde, allumés par le Christ lui-même. Et on dit après le Notre Père (la communauté le dit pour l’enfant si c’est un bébé, sinon le catéchumène le dit en même temps que la communauté). Ainsi, on peut dire qu’autour du rite principal de l’eau, le baptême comprend des gestes seconds (mais pas superflus !). Même s’il y a eu de nombreuses variantes, il y a une très grande constante du rite du baptême dans l’histoire de l’Eglise. Dans tous les cas, la Parole et le geste sont associés car la Parole apporte la précision requise sur le geste, ainsi que le côté « efficace » (elle produit ce qu’elle énonce).
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