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LES DIMENSIONS DE LA MISSION DE L’EGLISE 1er PARTIE (Février 2020)


Pour beaucoup de chrétiens, l’Eglise est le lieu où ils reçoivent et vivent leur foi. Mais certains la considère comme un club (ils restent extérieurs à son fonctionnement) : On reste quand la musique ou l’homélie nous plaît, mais on ne s’y implique pas. On paie le denier de l’Eglise (dans le meilleur des cas), comme cotisation au club, et si l’Eglise ne va pas dans le sens qu’on veut, c’est la faute des autres notamment des évêques (mais jamais la sienne car on n’en fait pas réellement partie). Cette vision est vraie dans les cas où les actionnaires ont nommé des dirigeants à qui ils demandent des comptes au Conseil d’Administration…

Mais dans l’Eglise, cette attitude est inacceptable car :   Elle est œuvre et cadeau de Dieu : Et non constituée par des hommes. Elle n’est pas par elle-même sa propre origine.   Elle est par les hommes et pour notre salut : Elle vient de Dieu (= Sa provenance) et elle est pour le monde (= Sa destination), et non seulement pour les membres qui la composent : C’est visible à la Pentecôte où l’Eglise se fait comprendre par toutes les langues présentes à ce moment. L’Eglise investi pour le monde, y compris pour ceux qui n’en font pas partie. Cette œuvre de Dieu pour le monde qu’est l’Eglise, fait qu’elle est faite pour susciter l’espérance du Royaume : L’annoncer et le faire aimer !

Eglise = Appeler le monde à l’espérance : Elle doit éveiller le rêve du bonheur chez ceux chez qui ce rêve est détruit. C’est cela qu’il faut faire avant d’annoncer le Royaume. Beaucoup de gens sont dans la situation des prisonniers de la caverne de Platon : Ils se satisfont de leur sort et ne veulent pas imaginer autre chose. La misère humaine est des fois plus grande qu’on ne peut l’imaginer.

« Eglise = Sacrement du Salut » :   1ère étape : Savoir qu’on est avant d’agir   2ème étape : 3 nervures de la mission : Communion, témoignage et service.   3ème étape : Le fonctionnement, ce qui forme comme un tabouret à 3 pieds. L’Eglise est d’abord un mystère, car nous sommes en régime de Révélation. Qu’est-ce qu’un « mystère » en Eglise ? C’est la « réalité dont ne pourra jamais tout dire, dont on peut comprendre certaines choses mais pas tout. Ce mystère est constitué par une action de Dieu qui se déploie dans le monde au cours de l’histoire ». Ce n’est pas créé par l’homme, mais c’est une Loi donnée par Dieu, une loi qui ne se démontre pas mais qu’on accueille comme une donnée de base ! Il est important de définir l’Eglise d’une certaine manière. C’est pour cela qu’elle a attendu Vatican II pour le faire car définir, c’est un peu la limiter !

Or, elle est justement ouverte :   Vers Dieu,   Vers le monde,   Vers l’histoire qui n’est pas finie. Comment la définir si elle ouverte sur des choses infinies ou pas finies ? Pour approcher cette définition de ce mystère, il va falloir utiliser des paradoxes.

L’Eglise est DE Dieu mais PAS du monde : elle est appelée pour être envoyée. Elle est rassemblée pour être ensuite dispersés dans le monde, appelée à recevoir pour transmettre. Ainsi, sa mission c’est d’être envoyée et d’envoyer. Selon Jn 20,21 : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint ». La mission de l’Eglise est d’actualiser la mission du Christ. Elle est dans l’histoire le signe visible et vivant que Dieu donne aujourd’hui et qui fait suite à la Miséricorde du Fils. L’Eglise est envoyée au monde comme signe agissant de l’activité de salut de Dieu, selon Lc 10,16 : « qui vous écoute, m’écoute ». L’Eglise renvoie dans sa visibilité, ses gestes, etc. à la volonté de Dieu de sauver le monde.

Lc 10,40 : « qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé ». Ainsi, l’Eglise actualise la mission du Christ. Si on se coupe du cep qui est l’Eglise, le sarment que nous sommes ne portera jamais de fruit : Si les chrétiens ne se rassemblent plus, le Christ n’aura plus de corps pour sauver le monde. Voir l’Eglise, c’est voir le Christ, et qui voit le Christ, voit le Père : ce qu’est Jésus par rapport au Père, c’est ce qu’est l’Eglise par rapport au Christ. Ce qui fait l’Eglise, Dieu le signe : C’est ce qui fonde l’obéissance dans l’Eglise, l’infaillibilité du pape, etc.

Eglise = réalité de Dieu, pour Dieu, des hommes pour les hommes, comme le Christ. Ainsi, elle est pécheresse car humaine (et sans cesse en voie de purification), et en même temps, elle est divine (donc sainte) : Et cela concerne toute l’Eglise visible et invisible. Même l’Eglise du Ciel contient du « pas encore ». L’Eglise est une réalité humano divine, comme le Christ. Eglise = signe instrumental de l’agir de Dieu Père dans le monde, par le Fils, dans l’esprit. C’est tout le sens de la Liturgie. L’Eglise est la partie de l’Humanité qui atteste que Dieu est l’auteur de la Création et qui lui rend le culte pour accomplir notre vocation qui est de louer Dieu. Et avec le décalage horaire, le culte ne cesse jamais (par la liturgie des heures notamment).   Pour la gloire de Dieu : Le culte pour Dieu, non pour être sauvé, mais gratuitement, sans rien attendre en retour. On s’unit au Christ qui rend gloire à son Père.   Pour le Salut du Monde : En tant qu’Elle est tournée vers les hommes, l’Eglise leur propose la vie éternelle. On a tendance à oublier le « pour la gloire de Dieu », alors qu’il faut tenir les deux. On a deux mouvements articulés qui sont en étroite dépendance :   Ce qui vérifie que le culte est pour la gloire de Dieu, c’est qu’il produit du bien aux hommes,   Ce qui vérifie que l’action sauve bien les hommes, c’est que ces hommes rendent gloire à Dieu !

D’où l’importance de la vie théologale : Prières, célébrations, fidélité, etc. Le sérieux dans la vie chrétienne renvoie à Dieu. Il y a des gens athées car ils ne supportent pas le modèle qu’on leur montre : « Si c’est cela l’Eglise, ce n’est pas la peine de croire » : cela nous renvoie à notre responsabilité ! A travers ce qu’on dira du prêtre, du baptisé, on dira la même chose de l’Eglise, donc de Dieu. Et c’est très dur à vivre pour les prêtres : prendre conscience que ce que l’on dit ou ce que l’on fait engage l’Eglise toute entière. Cela demande d’avoir quelques exigences : tout d’abord, ne pas oublier que la mission est essentielle !

C’est essentiel à l’Eglise : « Comme le père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». L’Eglise a pour vocation d’être missionnaire : c’est son essence. Jésus ne cesse d’annoncer le Royaume, mais le dévoile peu à peu avec respect et psychologie. L’Eglise doit faire pareil. Le comportement du Christ est normatif. Toute l’Eglise est déterminée par la mission : Prêcher, quêter pour le Secours Catholique, la messe, etc. tout est conditionné par la mission. L’Eglise est sacrement du salut pour le monde. Ce n’est pas facultatif : C’est essentiel (dans le sens « essence ») : 1Co 9,16 : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ». Ce n’est pas séparable de tout le reste : Dans la Théologie, il y a la Christologie, l’Eschatologie, la sotériologie (le salut), la staurologie (Théologie de la croix), etc. : Tout est concerné par la mission, c’est-à-dire sacrement du Salut.

Il va falloir vivre avec la parole de Dieu, dans une expérience authentique, personnelle ou communautaire : On ne peut pas axer la mission sans cette expérience spirituelle. On ne sera vraiment missionnaire que si on reste lié à cette vie spirituelle. Pour être crédible, la vie spirituelle doit se traduire dans une façon de vivre qui fasse envie (et l’un vérifie l’autre). Ac 4,33 : « Ils avaient la faveur de tout le peuple » : Les premiers chrétiens faisaient envie, et c’est vrai aujourd’hui, malgré tout ce que l’on entend dire !

La deuxième exigence : importance de la prière et de la célébration. En effet, il n’y a pas de mission authentique sans expérience personnelle et communautaire de l’Amour Trinitaire. Sans cette vie, pas d’évangélisation possible. Si l’Eglise est d’abord enracinée dans la réception de l’Evangélisation, si l’apostolicité (le fait d’être envoyé) de l’Eglise est donnée par le Père, il faut soigner les lieux de réception de cette Révélation.   L’écoute de la Parole : Homélie, obéissance au Magistère, etc. Il faut favoriser l’écoute et l’accueil de la Parole de Dieu en utilisant tous les moyens modernes : Radios, Internet, etc., en soignant la proclamation, etc. Du plus matériel au plus spirituel, on doit tout soigner (le micro, la manière de lire, etc.).   Les Sacrements : notamment l’Eucharistie (Jn 15,5 : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ») : Sans une vie sacramentaire régulière et enracinée, tout baptisé que nous sommes ne peut rien faire. Si on n’est pas greffé sur le Christ pour recevoir, on ne peut pas donner (≠ sacramental (aux) : C’est le reste : Consécration d’un autel, d’un abbé, etc.).   La vie de prières : sous toutes ses formes. La vie doit être sacramentelle. On pourra ainsi vivre une vie d’apôtre (= être envoyés) dans tous les lieux où on va, être envoyés pour être signe et instrument du salut pour le monde. C’est parce que l’Eglise célèbre les sacrements, qu’elle est sacrement du salut ; et c’est parce qu’elle reçoit la Parole et le Pain qu’elle peut les partager.

3ème exigence : Cela demande la conversion perpétuelle pour être en état de grâce. On n’aura jamais fini de se convertir : nous voici prévenu ! Comme un chantier n’est jamais fini tant que la maison n’est pas finie, il nous faut faire un effort incessant de purification, de conversion tant que le Royaume n’est pas achevé, pour témoigner dans le monde. Anne et Siméon sont capables de reconnaître le Messie dans un enfant parmi tant d’autre car ils sont amis de Dieu, greffés sur Dieu. Ils sont en état de grâce. Si on veut témoigner de l’amour de Dieu, il nous faut sans cesse nous convertir. C’est une exigence spirituelle (pour notre salut) et théologique (pour être ensemble, dans l’Eglise, à témoigner du Christ au monde). Pour cela, il faut reconnaître tout ce qui entrave cet état de grâce, que cela dépende de nous ou non, en tous cas, l’identifier et le reconnaître. Le bon grain et l’ivraie : C’est la personne, le cœur de chaque baptisé où a lieu le combat entre le Christ et le Diviseur. Il faut simplement vouloir que le Christ se batte et gagne en nous. C’est là notre intervention exigée dans le processus de conversion, et on ne peut pas se reposer.

Plus on se rapproche du Christ, plus le combat est violent : La vie spirituelle des disciples du Christ est violente. Et quand on s’en rend compte, on devient grave car il faut avoir conscience de cette gravité. En tant que prêtre, on a encore moins le droit d’être « léger ». Si on veut amener le Christ dans notre vie, il faut adopter son cœur, sa parole, ses gestes, sa compassion : Et cela demande une perpétuelle conversion, tout en cherchant sans cesse ce qui nous fait défaut, car le combat continue sans cesse. Avant d’évangéliser les autres, il faut commencer par s’évangéliser soi-même, être missionnaire pour les autres appelle à devenir un être missionnaire en nous. Se tenir à jour n’est pas facultatif : 1Co 9,27 : « Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu’après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié » : Il ne faut pas baisser la garde et se tenir à jour pour ne pas tiédir. Attention au confort qui nous affadit.

Les temps liturgiques sont bien faits : réactiver la garde par le Carême est réaliste, et il faut demander au Seigneur la grâce d’avoir les sentiments accordés aux moments liturgiques.

4ème exigence : le dialogue ! On est amené à proposer ou reproposer l’Evangile à des personnes qui sont ce qu’elles sont. Il faut partager des choses avec eux (partager la langue, les coutumes, pour les transformer de l’intérieur). Mais il faut d’abord vivre avec : Etre « grec avec les grecs, juif avec les juifs ». La mission doit être dialoguante : On va d’abord recevoir leur langue pour pouvoir leur parler du Christ avec leurs mots. On va contempler le mystère du Christ : le Christ s’est abaissé, mendiant, alors que c’est Lui qui a les mains pleines. C’est comme cela qu’il faut agir : Se faire accueillant auprès des autres, être des mendiants, alors que c’est nous qui arrivons les mains pleines, remplies par l’Esprit Saint. Tout vient de Dieu Créateur : Il ne faut pas sous-estimer la capacité de Dieu : Il est amour pour tout homme, même s’il ne le sait pas. Sg 1,7 : « L’Esprit du Seigneur remplit l’Univers » : Puisqu’on sait cela, on doit avoir du respect pour toute personne rencontrée par hasard, quelqu’il soit, car en tout homme, même le plus anticlérical, le moins beau à voir, l’Esprit nous précède, l’habite et commence à travailler à sa conversion.

Il est bien rare de ne pas trouver une pépite d’or chez n’importe quelle personne : On est souvent émerveillé et surpris par les gens qui se disent non chrétiens car ils ont des choses à nous dire de la part de Dieu (même s’ils ne s’en rendent pas compte). Ac 10, 34-35 : « Je constate en vérité que Dieu ne fait pas acception des personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable » : l’Esprit Saint travaille la famille du Centurion Corneille avant le travail des apôtres. Et Pierre met du temps à comprendre qu’il faut aller chez lui pour le baptiser. Puisque l’Esprit Saint a travaillé, il ne faut pas être plus royaliste que le roi !

Ce n’est pas du Relativisme : Le Christ est le seul chemin. On ne va pas à Dieu de manière différente et aussi valable pas les autres religions ou la bonne volonté. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien à recevoir des autres.

Ainsi, la 5ème exigence est bien de vivre l’abandon et la confiance : C’est le début de la foi : Et comment peut-on avoir confiance en nous si on ne vit pas avec eux ? Cela suppose de se compromettre intelligemment : Manger à la table du pécheur peut amener un prêtre à être accusé d’être comme eux, ou manger avec les grands de ce monde pour les rejoindre peut amener à être accusé d’être l’un des leurs… Etre prêt aux chocs en retour : Les païens, une fois entrés dans l’Eglise, amènent leur culture, leur philo, etc. Les premiers chrétiens s’en sont rendus compte et dû faire avec, s’adapter et les intégrer : C’est l’origine des 1ers conciles. Et non seulement, on les a accueillis, mais en plus ils nous ont aidé à mieux comprendre le mystère du Christ.

Quelques conclusions :   Tout en Eglise est appelé à être missionnaire : Absolument tout !   L’Eglise est pour le monde.   Il ne faut pas rêver : Il faut des tâches spécifiques et des gens qui font des choses selon leurs charismes propres : Si l’Eglise est toute tournée vers la mission, on ne peut pas tout faire ! Certains vont enseigner, d’autres soigner ou célébrer, etc. Le mois prochain, nous verrons en détail les trois dimensions de la mission. +Franz

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