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Dans l’histoire 1er partie

Les rapports entre le baptême et la confirmation ont été très souvent discutés, notamment par les théologiens anglicans depuis le 19ème S. Certains ont critiqué le fait qu’on ait minimisé l’importance du baptême au profit du don de l’Esprit Saint reçu à la Confirmation.


Pour essayer de surmonter ce souci d’avoir deux sacrements pour un même mouvement dans l’Esprit, il faut prendre en compte l’existence, dès le Nouveau Testament, de traditions diverses et d’insistances diverses mises sur les rites de l’initiation chrétienne accomplis au cours d’une même célébration (mais avec trois sacrements : le baptême, l’eucharistie et la confirmation). Il est essentiel de prendre en considération cette unité rituelle pour comprendre la vie sacramentelle des premiers siècles, qui ne connaissent pas de terme technique pour désigner les rites postbaptismaux ou ce que nous appelons aujourd’hui la « confirmation ». Les quatre premiers siècles.

Le mot « baptême » désigne à cette époque l’ensemble du processus et a donc une extension plus large qu’aujourd’hui.


La difficulté d’articuler la fonction de l’eau et le rôle de l’Esprit apparaît dès le Nouveau Testament. On trouve souvent une opposition entre le baptême dans l’eau de Jean-Baptiste et le baptême dans l’Esprit de Jésus (Mt 3, 11 ; Ac 1,5 ; Ac 11,16 ; Ac 19,1-7). Parfois, le don de l’Esprit précède et mène au baptême (Ac 10, 44-48). Le plus souvent, l’eau et l’Esprit sont cités dans une conjonction successive (Ac 2,38 ; Jn 3,5 ; 1 Jn 5,6ss). Les écrits de St Paul omettent plusieurs fois la mention de l’Esprit (Rm 6, 3-11 ; Ga « ,2SS ; Col 3,9ss), parfois celle du Christ (1 Co 12,13).


Cette diversité se poursuit dans l’Eglise ancienne où trois traditions se distinguent. La tradition d’Antioche (avec St Jean Chrysostome) : elle ne connaît qu’une onction d’huile sainte sur le front, le « sceau », puis les trois immersions et l’Eucharistie.


A Jérusalem (avec St Cyrille de Jérusalem) : les trois immersions sont suivies par l’onction des huiles saintes (le « muron »), à laquelle est attribué le don de l’Esprit, et par l’eucharistie.

L’Occident connaît les rites prébaptismaux (qu’on appelle « exorcismes »), suivis de la triple immersion et de rites postbaptismaux pour le don de l’Esprit, accomplis par l’évêque : l’imposition des mains, l’onction et parfois la signation, le tout s’achève dans l’eucharistie. Ainsi donc, le don de l’Esprit, toujours considéré dans l’ensemble de l’initiation, est attribué à des rites tantôt prébaptismaux, tantôt postbaptismaux.

L’Orient privilégie l’onction (que le Nouveau Testament semble concevoir comme un symbole littéraire), et la bénédiction de l’huile par l’évêque, plus tard par le Patriarche, y revêt une très grande importance. Il connaît aussi l’imposition des mains.

Sous l’influence des discussions sur le rôle de l’Esprit Saint (lors du Concile de Constantinople de 381), de l’importance plus grande accordée à la littérature de St Paul (notamment Rm 6), l’Orient adoptera à la fin du 4ème S une onction postbaptismale à portée pneumatologique (c’est-à-dire l’action de l’Esprit Saint). On constate donc que, dans l’Antiquité chrétienne, l’initiation connaît une diversité de rites, mais qu’elle est accomplie dans l’unité d’une même célébration. Cette unité diversifiée est attestée, en Occident, tant par la pratique liturgique que par les réflexions théologiques.

La Tradition Apostolique (Rome, début du 3ème S) a décrit le catéchuménat et l’initiation dans le cadre d’une vigile probablement pascale. Le baptême a lieu dans un baptistère et se termine par une onction christologique faite par un prêtre ; les baptisés passent ensuite dans l’Eglise où l’évêque leur fait l’onction trinitaire, l’imposition des mains (comme don de l’Esprit) et la signation (« sois marqué de l’Esprit Saint »).


Pour sa part, St Cyprien écrit que les chrétiens naissent de l’un et l’autre sacrement ; chaque fois il s’appuie sur Jn 3,5 : « Jésus répondit : en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ». Cela vise probablement l’eau et l’Esprit. Et même s’il ne faut pas interpréter ces textes dans le cadre d’une doctrine du « septénaire » des sacrements (car cette doctrine est apparue bien après), ils attestent pour l’Occident la conscience que l’Esprit Saint est donné plus particulièrement aux chrétiens, au cours de leur initiation, par des rites postbaptismaux accomplis par l’évêque.


A la fin du 4ème S, l’augmentation du nombre de chrétiens donnera lieu à des pratiques différentes. L’Orient privilégiera l’unité de l’initiation, dont le prêtre deviendra le ministre habituel ; la relation à l’évêque se maintiendra par l’usage de l’huile bénie par lui.

L’Occident accordera aux prêtres la célébration du baptême et de l’eucharistie, mais la confirmation y préservera le lien à l’évêque. Cette pratique occidentale est acquise dès le pape Innocent Ier qui, en 416, reconnaît aux prêtres le droit de baptiser, mais aux seuls évêques celui de confirmer. Du point de vue de l’histoire de la liturgie, c’est là l’origine de la Confirmation, ou mieux, le cadre dans lequel la Confirmation a pu être comprise comme un sacrement particulier.


A partir du 5ème S, les termes vont alors se préciser.

+Franz

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